St.Vincent

Publié le 01 mars 2012 par Lordsofrock @LORDS_OF_ROCK

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REVIEW - St. Vincent jouait dimanche 26 février à l’Alhambra. L’occasion d’aller voir cette artiste qui a sorti deux excellents albums, et un troisième qui la met sur une pente bien savonneuse

St. Vincent, cette jeune fille aux cheveux brûlés et bouclés, était déjà venue, novembre passé, au Café de la Danse. Je n’avais pas pu assister à ce concert, j’ai comblé ce désert en moi dimanche soir dans la salle de l’Alhambra.

St Vincent y est venue pour présenter son troisième album, STRANGE MERCY, album plus fade, moins onirique que le premier, moins agressif que le deuxième, plus club et plus festival de musique moyen pour les gens qui n’écoutent pas trop de musique mais qui aiment bien aller aux festivals pour y boire de la bière, pour l’ambiance et pour passer des moments sympa, se changer du quotidien. Bref, je n’allais pas voir ce concert avec une pensée très positive, malgré deux excellents concerts vus après la sortie de son deuxième album.

Avant, en Europe, St. Vincent tournait seule, accompagnée de sa guitare et d’un sampler. Désormais, elle a plus de fric, donc elle tourne avec trois musiciens. Un caucasien, une chinoise et un sud américain. Ce n’est pas le début d’une blague, mais le début de la dégénérescence de St Vincent. Ces trois représentants ethniques jouent respectivement de la batterie, ou plutôt d’un simulacre de batterie inondée sous une pluie diluvienne de sons électroniques, du synthétiseur analogique et d’un synthé numérique relié à un ordinateur qui règle le BPM de tous les morceaux grâce à une horloge atomique réglé sur la fréquence du rayonnement électromagnétique.

Parlons peu, parlons bien et commençons par le batteur. Il a sûrement dû être élevé dans une de ces écoles américaines qui apprennent nécessairement aux batteurs de jouer au clic, c’est-à-dire que plutôt que de se fier à son ressenti musical pour régler le rythme, le tempo de la musique, on écoute un clic-clac-clac-clac dans ses écouteurs Bose, et ce clic-clac dure pendant tout le concert. D’ailleurs, il est habillé et se comporte comme s’il allait au bureau. Costard/cravate de comptable, aucune émotion apparente, il fait son boulot et se barre juste après son dernier coup de cymbale. St Vincent m’avait habitué à une musique qui alliait la puissance des roustons masculins avec la douceur et la beauté de sa voix. Désormais, cette beauté est canalisée et contenue dans une métrique informatique.

Et c’est là un problème majeur de la musique actuelle. Je ne sais pas pourquoi, mais dès qu’un groupe américain ou français (il me semble que les anglais sont moins touchés par cette sale histoire) a déjà sorti deux ou trois albums, il se professionnalise beaucoup trop et dans une mauvaise direction. A savoir qu’il pense que tous ses concerts doivent être parfaits et semblables et pour y parvenir, ils ont souvent recours à l’électronique et à l’informatique. Mais cela casse toute magie dans la musique. Il y avait, durant ce concert, une incontestable contradiction entre la musique de St. Vincent, ce qui sortait d’elle et son orchestration. Soit entre sa voix sublime couplée à l’un des plus intéressants jeu de guitare de la musique actuel et toute l’électronique fade, inintéressante et trop entendu qui l’accompagnait.

Je ne comprends pas très bien cette nouvelle orientation, il ne reste alors que ces deux possibilités : soit St. Vincent est devenue très calculatrice et souhaite conquérir un nouveau public et atteindre des plages horaires plus tardives dans les festivals d’été soit quelqu’un calcule à ses dépend et sa musique en pâtit fortement. En tout cas, cet professionnalisation à l’américaine de la musique, c’est vraiment pas top.