Charente-Maritime: la loutre revient, mais craint toujours l'automobile

Publié le 01 mars 2012 par Blanchemanche
Si les loutres occupent de nouveau les rivières, beaucoup meurent écrasées. Un plan d'aménagement débute en Charente-Maritime.

Sur la quatre voies entre La Rochelle et Rochefort, on a ramassé depuis 2000 quelque 151 loutres écrasées. Photo A. M
Cela ne fait pas autant causer que le retour du loup dans le Mercantour, mais tout de même! La loutre revient en France et en particulier dans la région Poitou-Charentes. «Elle n'en est jamais tout à fait partie», note Philippe Jourde, chargé d'études patrimoine naturel de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO).
C'est en effet dans le Marais poitevin et plus encore dans le Rochefortais et le marais de Brouage que ce mammifère semi-aquatique se nourrissant de poissons a pu se maintenir là où partout ailleurs, excepté dans le Massif Central, il disparaissait des réseaux hydrographiques. En cause: les chasseurs qui traquaient autrefois la dense fourrure brune, mais surtout la pollution des rivières et la raréfaction des poissons.
Aujourd'hui, les cours d'eau sont envahis d'écrevisses américaines. Ce n'est pas du meilleur effet sur l'équilibre du milieu, mais cela fournit aux loutres une abondante pitance. «Menacée d'extinction, la loutre est protégée depuis 1976. Depuis quelques années, on s'aperçoit qu'elle recolonise les cours d'eau. Par le fleuve Charente et ses affluents, les populations des marais de l'ouest commencent à faire la jonction avec celles du Massif Central», explique Philippe Jourde. La loutre, dont on estime au mieux à 1 000 individus la présence en Charente-Maritime, regagne du terrain sans soulever le même genre d'oppositions que le loup dans les Alpes ou l'ours dans les Pyrénées. Animal discret et quasi invisible - il sort seulement la nuit -, il ne nuit à personne, sauf peut-être aux bassins piscicoles mal protégés.
Sa population se renforce, mais la loutre est toujours une espèce vulnérable, en particulier au passage des voitures. «Sur la quatre voies RD 137 entre La Rochelle et Rochefort, on a ramassé depuis 2000 quelque 151 loutres écrasées, ainsi que deux visons d'Europe, espèce encore plus rare et menacée», déclare Philippe Jourde.
Le mercredi 22 février, la conseillère générale de Charente-Maritime Sylvie Marcilly faisait connaître le programme dit de «continuité écologique» dans lequel son département vient de s'engager. «Nous sommes lauréats sur ce dossier de l'appel à projets biodiversité du ministère de l'Écologie. L'État finance donc la moitié des 350 000 euros que nous engageons dans ces aménagements.»
L'objectif est de détourner les loutres et les visons de la traversée de la RD 137 en deux endroits repérés de leurs passages. Des grillages à faune seront installés et les loutres guidées vers des buses sécurisées. Un nouveau système de passerelle flottante sera par ailleurs expérimenté sur un autre site de passage. Il concerne la RD 110 vers Voutron.
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Agnès MARRONCLE 1 Mars 2012