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Les éboueurs spatiaux

Publié le 29 février 2012 par Egea

L'autre soir, soirée de lancement des deux derniers opus de Participation et progrès, l'association de pensée stratégique où il faut bon se retrouver pour discuter (quoi, vous n'en êtes pas encore membres?). Les deux ouvrages étaient "Défense et espace", et Logistique, fonction opérationnelle oubliée. Et lors de la conversation qui s'est ensuivi, le thème des éboueurs spatiaux a émergé : d'une certaine façon, il faisait le lien entre les deux bouquins du jour Mais il y a là dessous (ou plutôt, vu l'altitude, là-dessus), des conséquences stratégiques d'importance.

Les éboueurs spatiaux

1/ Partons tout d'abord d'une réalité, bien montrée par Jean-Luc Lefèbvre dans son ouvrage (Stratégie spatiale) : si on nettoie, c'est tout d'abord que notre espace, notamment dans ses orbites utiles, est pollué de tout un tas de débris. Si les minuscules ne posent pas de problèmes, il n'en est pas de même des plus gros.

2/ Il y a tout d'abord une raison économique : afin de contrer les risques d'accident, et donc de baisser les coûts d'assurance, il est plus simple de faire baisser le risque d'occurrence que d'augmenter la probabilité des dégâts. Il y a là un calcul coût-bénéfice qui correspond à un calcul du risque standard (risque ? tiens, ça me rappelle ce billet : on ne parle pas de la même chose).

3/ Toutefois, ne nous leurrons pas : si on envoie des véhicules manœuvrants dans l'espace, leur usage peut être dual. Positif, en ôtant les débris. Mais négatif, car il peut laisser la place à une double stratégie.

4/ La première consiste à constater : si on peut ôter les débris de l'espace, il est donc moins gênant d'occasionner des débris. Souvenez-vous, une des principales critiques (surjouées, soyons bien d'accord) contre l'essai de destruction d'un satellite par les Chinois il y a quelques années avait été : ils sont irresponsables, ils multiplient les débris. Si vous nettoyez les débris, du coup vous pouvez en faire, c'est moins grave. Autrement dit, cela ouvre la porte à d'éventuelles destructions. A partir du sol. Ou d'ailleurs.

5/ La deuxième consiste à dire que si vous avez un véhicule plus ou moins automatisé dans telle ou telle orbite, il peut non seulement ramasser des débris, mais aussi heurter "par mégarde" un satellite en parfait état de marche. Supposons par exemple que ledit véhicule aille taper (oh! flûte! oh ben je l'ai pas fait exprès! désolé, hein ?) tel satellite d'observation, tel élément d'une ceinture de géo-stationnement, tel relais de transmission vers tel dispositif de transmission vers des SNLE, tel radar d'alerte avancée installé là-haut.... Il ne s'agit pas d'armes, bien sûr. Mais l'arme est-elle forcément un "armement" fabriqué pour ça? ou l'arme réside-t-elle dans l'intention maligne ? les Boeing qui se sont précipités sur le WTC n'étaient pas des armes, au départ.....

Voici quelques idées qui vont avec ce beau projet "civil" de véhicule éboueur spatial. Encore une fois, de basses questions logistiques peuvent avoir des conséquences stratégiques fort importantes...

O. Kempf


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