Tout a commencé par un mail un peu étrange, signé d’un énigmatique « Le Discret » :
« {Qui suis-je ?} Un admirateur secret de votre plume. Un discret curieux. Un timide audacieux. Un solitaire fréquenté. Un droitier Rive Gauche. Mais avant tout un amoureux de Paris qui adore s’y perdre et rêve de vous rencontrer. J’aime vous raconter une histoire secrète, vous souffler une exposition, vous chuchoter une adresse, vous mettre l’eau à la bouche… vous me suivez ?
Alors retrouvez-moi le jeudi 23 Février dans une suite du Lutetia. Je vous y attendrai de 9h à 22h. La réception vous indiquera la suite où me rejoindre. »
Au ton employé par l’obscur émetteur de ce courrier, on se demande un petit peu si le « solitaire fréquenté » ne va pas nous entrainer ni vu ni connu dans ce genre d’établissement de petite vertu ou l’on peut entr-apercevoir DSK à la lueur d’une chandelle… Et bien pas du tout.
Après avoir patienté quelques instants dans les canapés du célèbre (et unique) palace de la rive gauche, a observer le charme désuet de ses luxueux salons, on nous conduit dans la suite 309. En traversant ces grands couloirs au bois sombre, on se dit qu’on pourrait sans doute y croiser Jack Torrance, même s’il est plus probable d’y surprendre Pierre Assouline ou Richard Borhinger, deux amoureux des lieux.
Dans la chambre, un mystérieux personnage nous explique que « le Discret n’est pas là. » – Évidemment, il est Discret. Ha ! – En revanche, il serait ravi de nous « présenter le blog » tenu par le fameux et invisible résident.
Sous ce blog se cache en fait un carnet d’un voyage qui n’en est pas un au sein des boutiques et autres lieux cachés de Saint Germain des Près. Dans une déclaration épistolaire aux murs qui l’hébergent, le Discret nous fait aussi revivre quelques moments de la vie du Lutétia, célèbre entre autres pour avoir hébergé les services secrets allemands pendant la guerre, mais aussi les rescapés des camps à la Libération.
Chaque Vendredi, une nouvelle pièce du puzzle composant les abords de l’hôtel sera révélé par l’auteur.
Derrière toute cette mise en scène, une belle opération de Concorde hôtels dans le but de moderniser l’image du palace tout en faisant redécouvrir ses alentours aux ayatollahs de la Rive droite. La démarche de curation urbaine pour faire découvrir des lieux originaux reste de nos jours un classique des marques, mais elle était encore inédite dans le domaine de l’hôtellerie de luxe. Par ailleurs on ne peut que saluer le très bon story-telling brodé autour de cette initiative.