Vendredi 17 février 2012
PARIS (Reuters) - La population carcérale en France a atteint un nouveau record avec 65.699 détenus au 1er février, une hausse de 6,4% sur un an, selon des chiffres officiels publiés vendredi par l'administration pénitentiaire.
La situation est considérée comme critique par les syndicats de personnels pénitentiaires et de magistrats, avec des entassements de détenus jugés particulièrement graves dans les maisons d'arrêt, en principe réservées aux personnes non jugées.
Les prisons françaises comptent, selon les chiffres officiels de février, 57.213 places, en dépit de plusieurs mises en service d'établissements neufs ces dernières années. Un quart des détenus sont en attente de jugement ou d'appel.
Resté sous la barre des 60.000 pendant les années 1990, et passé sous 50.000 en 2001, le nombre de détenus a augmenté depuis, en parallèle à l'importance prise dans la vie politique par le thème de l'insécurité.
La surpopulation amène, selon les syndicats pénitentiaires, une gestion plus difficile de la vie carcérale, et notamment un taux de suicide record en Europe. Depuis plusieurs années, on recense une centaine de morts chaque année au moins, selon diverses sources indépendantes de l'administration.
Le nombre de personnes écrouées - y compris 723 mineurs - progresse alors même que l'administration assure qu'elle développe les aménagements de peine, c'est-à-dire l'exécution de peines de prison ferme hors des murs.
Au total, 11.314 personnes bénéficient de telles mesures, selon l'administration pénitentiaire. Les aménagements de peine ont progressé de près de 24% en un an et de plus de 50% en deux ans.
Dans l'autre sens, le gouvernement a augmenté les incarcérations en lançant en 2011 un programme pour ramener à exécution les dizaines de milliers de peines restées lettre morte pour diverses raisons.
Cette mesure intervenait moins de deux ans après une décision inverse du même gouvernement permettant par la loi un aménagement de peine - sans incarcération - pour toutes les sanctions inférieures ou égales à deux ans ferme. Le seuil était auparavant d'un an ferme.
Le gouvernement a déjà lancé de nouveaux programmes de construction de prisons. De son côté, le candidat du Parti socialiste à l'élection présidentielle, François Hollande, prend un engagement ainsi formulé dans ses 60 propositions: "Les peines prononcées seront toutes effectivement exécutées et les prisons seront conformes à nos principes de dignité".
Prié par Reuters le 6 février, lors d'un déplacement à Dijon, de dire comment il financerait à budget constant le doublement du nombre de centres éducatifs fermés pour mineurs délinquants, il a répondu qu'une des options était de revoir les programmes de nouvelles prisons.
Thierry Lévêque, édité par Gilles Trequesser