Martha Marcy May Marlene est un drame, réalisé par Sean Durkin en 2011, assez étonnant, qui évoque la vie d’une jeune femme après son embrigadement dans une secte.
Martha vient de s’enfuir de la communauté aux tendances sectaires dans laquelle elle se trouvait depuis deux ans. Complètement perdue et livrée à elle même, elle n’a plus qu’une seule personne vers laquelle se tourner, sa soeur, alors qu’elle n’avait pas donné de nouvelles à sa famille depuis qu’elle avait rejoint la secte. Sa grande soeur la prend sous son aile et lui offre l’hospitalité sans pour autant obtenir de réponses à ses questions : où était-elle pendant tout ce temps ? Avec qui ? Pourquoi ne pas avoir donné signe de vie ?
Peu à peu, Martha tente de réapprendre à vivre mais est rattrapée par les démons du passé : elle a perdu (en seulement deux ans ! ) toute notion de pudeur voire même de bien et de mal. Elle ne sait plus ce qui peut se faire en société et ce qui relève de l’intime tant la secte a détruit son éducation et sa personnalité. Les crises et les hallucinations rendent toute cohabitation presque insupportable pour le jeune couple l’ayant recueillie.
Ainsi, les rapports de la jeune femme avec sa soeur et son beau-frère vont de mal en pis. Le constat dressé par le réalisateur est bien sombre. Comment se reconstruire après avoir été anéanti par une secte ? Est-il possible de réapprendre à vivre, de reprendre une existence “normale” quand tous nos repères ont été effacés ? Dans le film, cela semble totalement impossible : non seulement Martha n’y arrive pas seule mais les membres de sa “communauté” ne voient pas son départ d’un très bon oeil.
Les mécanismes de la secte sont assez bien illustré : un gourou manipulateur plus ou moins charismatique (qui s’octroie un droit de cuissage sur toutes les jeunes recrues quand bon lui semble), des membres illuminés, prêts à tout, qui perdent peu à peu le sens commun et leur identité (dans la secte, Martha a été rebaptisée Marcy May et doit se présenter comme Marlene au téléphone), la cérémonie du “nettoyage” tendant à rendre l’individu malléable pour le groupe ou encore les astronomiques sommes exigées.
Martha Marcy May Marlene (que d’allitérations ! ), un film de Sean Durkin.