A l’ère d’internet, de l’essor des réseaux sociaux et des sites de rencontres, il n’a paradoxalement jamais été aussi malaisé de vivre une relation amoureuse…
Saverio Tomasella propose de décrypter ce malaise et d’offrir des pistes de réflexions autour de la relation amoureuse, dans son nouvel ouvrage, Les amours impossibles (“Les Amours Impossibles”, de Saverio Tomasella, éditions Eyrolles, paru en nov 2011).
L’auteur présente six portraits de femmes et d’hommes, dont les noms sont empruntés à des grandes figures de la littérature (Juan, Othello), de la musique (Violetta, Tosca et Norma), ou encore de la mythologie grecque (Médée).
En rappelant brièvement l’histoire de ces personnages, il fait un parallèle avec des problématiques qu’il a rencontré chez ses patients, au gré de son parcours professionnel.
Il expose ainsi, en s’aidant de cas concrets, les empêchements de ces femmes et de ces hommes à vivre une relation harmonieuse.Les raisons sont multiples : peur de soi, peur de l’autre, peur de l’engagement, crainte de réitérer les erreurs de relations passées, ou encore de reproduire des schémas parentaux, etc.
L’objectif n’étant pas de généraliser le propos mais bien davantage, au cas par cas, d’éclairer les zones d’ombre et de comprendre pourquoi la relation est empêchée.
Bien que nécessaire, ce travail sur soi n’est pas suffisant pour autant.
Il convient d’aller plus loin, d’aller à la recherche d’un équilibre plus profond, pour trouver en soi la force et les ressources nécessaires pour surmonter les obstacles à la relation amoureuse.
« Malgré les difficultés inhérentes à l’époque de la communication électronique et virtuelle, sur internet notamment, les sources des empêchements à aimer ne viennent pas de l’extérieur, de la société ou des autres, mais de soi, en son for intérieur, et des convictions figées qui nous limitent. »
Ce parcours, différent pour chacun, ouvre alors à nouveau les possibles de l’amour.
“L’amour véritable franchit toujours un point d’impossibilité. (…) L’amour n’est pas à proprement parler une possibilité, mais plutôt le franchissement de quelque chose qui pouvait apparaître comme impossible” A. Badiou, Eloge de l’amour.
Alors que les moyens techniques de communiquer se développent sans cesse et deviennent particulièrement performants, les habitants des pays nantis ont de plus en plus de mal à se rencontrer, à se parler, à s’écouter, à dialoguer, à partager, à entrer en relation et à créer des liens durables, profonds et vrais, n’est-ce pas ?
Parallèlement, en même temps que toutes les jouissances sexuelles semblent possibles, « permises », voire incitées, sans limites apparentes, la relation amoureuse est devenue le lieu des plus grandes difficultés et des plus fortes souffrances, quand elle n’est pas devenue tout bonnement impossible.
Ces paradoxes radicaux, redoutables même, laissent désarmés et songeurs.
Aussi, à côté d’appels aux secours de plus en plus nombreux dans le registre des addictions (y compris au sexe et à Internet) s’est également développée une demande d’aide de plus en plus forte de la part de personnes qui n’arrivent pas à rencontrer l’autre et parviennent encore moins à aimer ou à se laisser aimer.
L’amour ne fait-il plus partie de nos repères fondamentaux ?
Nous sommes nous à ce point déshumanisés ?
Si les phénomènes de dépendance résultent d’abord de la peur de l’isolement, de la peur du manque et surtout de la peur de l’abandon, l’impossibilité d’aimer – elle – découle aussi et surtout de la peur de soi, de la peur de l’autre et de la peur de l’amour, qui est aussi peur de la relation.
Ces peurs pouvant prendre toutes les formes : angoisses, frayeurs, paniques, etc.
De là à considérer l’impossibilité de l’amour comme l’autre face de la médaille des dépendances, il n’y a qu’un pas. Ce constat, pour juste qu’il soit, n’englobe pas la totalité du phénomène, beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît de prime abord.
L’impossibilité de rencontrer l’autre, et de l’aimer, n’est pas que le miroir inversé de la dépendance affective, il a en outre deux versants indissociables :
- l’un, intime et intrapsychique, concerne la plus ou moins bonne conception de soi-même, autant que l’intériorisation des anciennes relations vécues et leurs destins plus ou moins heureux
- l’autre, extime et intersubjectif, renvoie aux malaises de la civilisation actuelle et à ses illusions, parmi lesquelles la place de plus en plus grande du virtuel, de l’individualisme et du consumérisme.
Cependant, toute destinée étant singulière, nous ne pourrons pas généraliser et nous devrons – pour être honnêtes – aller y voir de plus près, au cas par cas, témoignage après témoignage, car chaque être et chaque histoire sont uniques.
Voici quelques pistes judicieuses que l’auteur dévoile :
- se rencontrer soi, pour rencontrer l’autre
- repérer les fauses croyances sur l’amour, et les changer
- échapper aux loyautés invisibles
- se désintoxiquer de la méfiance
- passer du besoin au désir
- s’ouvrir à la réalité et à l’autre
Bref, ce livre m’a plu. L’accent sur l’aspect psychanalytique n’est pas trop mis en avant, ce livre aidera beaucoup de personnes. Vous, peut-être ?
Référence: “Les Amours Impossibles”, de Saverio Tomasella, éditions Eyrolles, paru en nov 2011
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