On savait François Hollande fin tacticien, il vient de le démontrer une nouvelle fois. Il aura suffi d'une brève annonce noyée dans la très soporifique émission politique de TF1 pour reprendre la main. Ce matin sur RTL, le candidat socialiste est revenu sur les raisons de cette annonce dont les germes étaient dans son discours prononcé à Rouen.
En réponse à la tentative de hold-up de Nicolas Sarkozy sur la valeur travail, François Hollande avait alors fait référence à un rapport sur la rémunération des dirigeants publié le 14 février dernier par Proxinvest, cabinet français de conseil et d’analyse financière selon lequel les patrons du CAC 40 "ont bénéficié pour 2010 d’une hausse moyenne de 34% de leur rémunération, pour un montant moyen de 4,11 millions d’euros annuel. 11 dirigeants français dépassent pour 2010 le plafond de 240 SMICS annuels, soit actuellement, 4,6 millions d’euros par an".
Des éléments qui avaient amené le député de Corrèze à déclarer : "Où est le respect du travail quand les patrons du CAC 40 s’augmentent de 34 % pour une rémunération moyenne de 4 millions d’euros par an — 240 années de Smic — et quand les mêmes considèrent que relever le Smic serait prendre un risque pour l’économie elle-même ?"
La taxation exceptionnelle de 75% aura un caractère durable a précisé François Hollande au micro de Jean-Michel Apathie : "Elle est exceptionnelle parce que les revenus sont exceptionnels, parce que le moment est exceptionnel, mais elle sera durable parce que je veux qu'un signe soit envoyé très clairement aux assemblées générales d'actionnaires et aux dirigeants d'entreprise, qu'ils ne peuvent pas se rémunérer à des niveaux aussi exceptionnels".
Le candidat socialiste justifie son annonce par l'existence de richesses scandaleuses dans un moment particulier. Il assume sa volonté de moralisation : "C'est une mesure symbolique, qui vise essentiellement à dissuader le versement de rémunérations extravagantes". "Il y a un moment où chacun doit prendre conscience de la société dans laquelle il vit" souligne le président du Conseil général de Corrèze en rappelant qu'un revenu annuel de 1 M€ constitue un écart de 1 à 100 avec un smicard et que son programme prévoit de limiter de 1 à 20 les écarts de rémunération dans le secteur public.
Alors certes, cette "taxe Fouquet's" comme l'a baptisé Libération ne toucherait que très peu de contribuables, 3 000 environ, et aurait une rentabilité fiscale très limitée. Mais l'important n'est pas là. François Hollande croit dans les symboles. Et cette mesure constitue assurément un marqueur idéologique pour une gauche en manque de repères.
Dans ce contexte, l'article du Figaro selon lequel "La presse financière anglo-saxonne vote Sarkozy" apparaît comme contreproductif pour le président sortant qui met tant de peine à se faire passer pour le candidat du peuple, un candidat anti-système.
Crédit photo : Aude Guerrucci
EXCLU - François Hollande, candidat socialiste à... par rtl-fr