Dans une centaine d'années, l'historien qui étudiera le déroulé de la campagne présidentielle de 2012, s'arrêtera longuement sur les raisons de l'abstention socialiste des 21 et 28 février 2012, et ses conséquences.
Il devra répondre aux questions suivantes:
- Comment ce fait-il que le parti socialiste ait ordonné à ses parlementaires de s'abstenir de voter contre un traité austéritaire en totale opposition avec les idéaux de la gauche ?
- Pourquoi 134 députés socialistes se sont abstenus de voter contre la droite ?
- Comment le Sénat majoritairement à gauche a-t-il laissé voté un texte néolibéral ?
- Pourquoi le groupe PS - hormis Jean-Pierre Godefroy, Mme Marie-Noëlle Lienemann et M. Daniel Percheron - s'est-il désolidarisé des autres groupes de gauche au Sénat ?
- Pourquoi le PS n'a-t-il pas exigé que le peuple se prononce sur le MES par référendum?
- Pourquoi au parlement les dirigeants socialistes ont-ils choisi de renoncer au clivage gauche - droite à deux mois de la présidentielle ?
- Pour quelles raisons le candidat du PS, F. Hollande, a-t-il donné des gages de soumission à l'idéologie néolibérale à deux mois du 1er tour de la présidentielle ?
- Pourquoi Hollande défendit-il une ligne politique si droitière en préconisant l'abstention dynamique ?
« En ce temps-là, répondra l'historien, le parti socialiste était enfermé dans une logique partisane, étrangère à l'intérêt général. En 10 ans d'opposition, le PS était devenu le parti le plus puissant et le plus riche en termes d'élus, si bien qu'il avait réussi à emporter, depuis peu, la présidence du Sénat...
Paradoxalement, le PS n'avait pas intérêt à remporter la présidentielle et les législatives. En son sein, beaucoup s’accommodaient d'être dans l'opposition, aussi bien les élus locaux, pour la plupart cumulards, que celles et ceux qui étaient plus ou moins directement salarié-e-s au parti ou aux collectivités locales dirigées par le parti. Ces gens-là étaient préservés des aléas inhérents au capitalisme néolibéral et à la régression sociale. Ces gens-là étaient à l'abri de la règle d'or ! Ces gens-là n'avaient aucun intérêt à ce que les choses changent !
Tous ces éléments, auxquels il convient d'ajouter l'abandon de toute référence marxiste dans le corpus idéologique du PS, permettent de comprendre la ligne politique, a priori suicidaire, du parti socialiste...
Et, c'est ainsi que François Hollande perdit la présidentielle... mais que la gauche l'emporta grâce au candidat du Front de gauche »
Notes
[1] cette photo est issue du site PHOTO-LIBRE