De nombreux réalisateurs choisissent, par nécessité ou conviction, de bousculer la chronologie des médias pour diffuser leur film sur internet. Ils sont souvent en quête de liberté artistique et de nouvelles formes de relation avec leur public, le web leur offre de nouvelles perspectives. Je reviens sur deux beaux exemples portés par des artistes, qui ont fait d’internet leur principale arme et dont la science de la communication et du teasing pourrait être érigé en art.
Le cinéma indépendant ne doit pas avoir peur d’internet
Four Eyed Monsters est un long métrage dirigé par Arin Crumley et Susan Buice. C’est sans doute l’un des meilleurs exemples de ce que peut permettre le partage sur internet. Le projet débuta en 2004 et sortit en 2006. Durant cette période, les cinéastes réalisèrent neuf web épisodes téléchargeables sur Itunesstore. Chaque épisode a été visionné près de 50 000 fois.
Dans cinq villes des Etats-Unis, Ils organisèrent des projections en avant-première pendant le mois de septembre, (un jeudi qui plus est sur toute une journée). Cela s’est soldé par une belle réussite, au total 1691 personnes ont assisté aux séances, ce qui représente une moyenne de 70 personnes par projection, alors que la moyenne pour un film indépendant est de 7 personnes par projection. Permettre aux internautes de visionner leur travail en amont a alimenté le bouche à oreille, à favoriser la création d’une communauté. Les gens se sont déplacés pour voir le film, même s’il était disponible sur internet. Ensuite, ils ont obtenu le prix du festival Hidden Gems qui leur permit de présenter leur film dans 31 salles pendant la période de la Saint Valentin, pour un chiffre d’affaire de 13 253 $.
Afin de rentabiliser le film, (qui coûta 100 000 $ selon les derniers chiffres), ils le diffusèrent sur You Tube et s’associèrent au site musical Spout.com, ainsi pour chaque membre inscrit en passant par eux, ils recevaient 1$. Four Eyed Monsters utilisa donc un modèle de financement participatif indirect. Même si je ne suis pas totalement convaincu par ce dernier modèle de financement, il y a des pistes à creuser qui vont dans ce sens, cela peut être une source de financement complémentaire intéressante.
En France, nous ne sommes pas en reste avec Vincent Moon, réalisateur français qui utilise également beaucoup internet pour financer et diffuser son travail. (Efkterlang, petites planètes). Il appuie quant à lui sur un autre levier pour amener les gens à voir son travail. Le porteur du concept de la blogothèque, a construit un événement autour de la diffusion de son dernier film An Island. En s’inspirant tout simplement des concerts live où une alchimie et une rencontre se réalisent parfois avec le public, il a organisé des séances privées de visionnage. Je vous rappelle le principe qui est somme toute assez simple, tout le monde pouvait organiser une projection du film à partir du moment, où celle-ci s’organisait dans un lieu pouvant accueillir au minimum 5 personnes et que l’entrée soit gratuite. Le choix du lieu était totalement ouvert, cela pouvait être chez soi, dans une bibliothèque, ou encore dans un bar.
Partage et valeur ajoutée
Aujourd’hui, ce film est disponible en téléchargement, en DVD et en Pack Deluxe. La possibilité est même laissée de faire un don, si l’on a déjà eu la chance de voir le film. Place au partage et à la valeur ajoutée sur cette page. On peut donner ce que l’on veut pour télécharger le film et le Pack DVD disponible en jette vraiment, une petite vidéo de présentation, vous laisse entendre, que vous allez acheter un vrai objet de collection.
Pour découvrir la vidéo sur le pack, elle est disponible sur le site et sur Flickr
N’hésitez pas à partager vos exemples ou vos expériences dans les commentaires. Au plaisir de vous lire.