Mes réticences initiales venaient du fait que ce disque est une compilation de titres que Mr Paul écoutait quand il était jeune, ce qui nous ramène assez loin dans le temps, et qu’il avait voulu les reprendre pour leur rendre hommage. Et moi, les disques hommage….
Effectivement sur les seize titres (version DeLuxe du CD), seuls trois sont écrits par McCartney (My Valentine, Only Our Hearts et Baby’s Request), lequel pousse plus loin encore le bouchon, puisque notre multi instrumentiste, se contente uniquement de chanter et d’apporter sa guitare acoustique sur deux titres (Get Yourself Another Fool et The Inch Worm).
Un album de musique cool, au swing discret, ambiance club avec un orchestre jazzy (Diana Krall et son groupe pour être précis), le batteur se sert de balais, une contrebasse et quelques autres instruments au fil des morceaux. Ce genre-là. Paul chante merveilleusement bien et la prise de son est telle, que parfois on l’entend respirer entre les mots. Deux invités de marque apportent leur pierre discrète mais facilement identifiable à ce remarquable édifice, Eric Clapton et sa guitare sur My Valentine et Stewie Wonder son harmonica chromatique sur Only Our Hearts.
Parfois le temps se rétrécit étrangement, comme sur ce Bye Bye Blackbird, mélancolique à souhait avec ses violons, « I’ll arrive late tonight, blackbird bye bye » comme un clin d’œil nostalgique au Blackbird des Beatles (1968) qui lui était enjoué et sautillant « Blackbird singing in the dead of night/Take these broken wings and learn to fly/All your life/You were only waiting for this moment to arise ».
En juin prochain Sir Paul McCartney fêtera ses 70 ans, bien qu’il porte encore beau et qu’il soit jeune marié (en octobre dernier il a épousé Nancy Shewell sa cadette de vingt ans), il n’a plus rien à prouver et peut se laisser aller à composer ou interpréter les musiques de ses jours heureux. Ses derniers albums studio Chaos and Creation in the Backyard (2005) et Memory Almost Full (2007) annonçaient déjà l’heure des bilans, ce moment de la vie où l’on commence à regarder dans le rétroviseur.
Ce Kisses On The Bottom, n’est peut-être pas un chef d’œuvre si on le replace dans l’ensemble de l’œuvre époustouflante de Paul, mais il y chante divinement bien et si vous l’écoutez quand vient la nuit vous serez à deux doigts du paradis.