Moi, j’ai confiance en leurs jugements mais je garde une certaine méfiance pour les raisons suivantes:- Peu attirée par la couverture (je ne vois pas du tout Villon comme ça.)- Peu favorable aux BD biographiques, trop souvent didactiques et scolaires, avec manque de fulgurance, trop souvent - des BD comme des pensums.- Peu aimé le livre de Teulé, trop éloigné de ma propre vision du poète, un de ceux que j’ai pris plaisir à découvrir sous divers angles «au temps de ma jeunesse folle » (mais studieuse) tout en apprenant par cœur plusieurs de ses vers et me les réciter encore aujourd’hui sans trop de difficulté.- Peu apprécié, en feuilletant l’album, le dessin trop lisse et trop léché ainsi que les couleurs, vives et glacées à la fois, le tout très régulièrement classé dans des cases rectangulaires des plus classiques avec de grosses bulles rondes, bien blanches rythmant les pages.
Et pourtant, une fois plongée dans l’histoire, j’ai apprécié. J’ai aimé ce travail et ce récit divisé en chapitres, rythmé par des vers du poète, ainsi du premier :
«Je suis François, dont il me poise
Né de Paris emprès Pontoise.
Et de la corde d’une toise
Saura mon col que mon cul poise.»
Le côté clair, simple, dépouillé du graphisme, apporte une touche de modernité qui me convient parce qu’elle apporte une touche de fraîcheur dans cette vie pleine de malchance, de violence et d’horreur.
Les sentiments s’enchaînent et s’entrechoquent rapidement. On passe vite de l’attendrissement et de la pitié du début pour l’enfant orphelin et recueilli par Guillaume Villon, le bon chanoine, à l’horreur et au dégoût des tortures infligées pour trois fois rien. C'est une époque de grande cruauté.
La danse macabre est bien là que dansent tous ces personnages si vivants, si excessifs et si mortellement fragiles. La mort les guette à tous les coins de rue, à tout moment et sous toutes ses formes, alors ils s’agitent comme des marionnettes. Ils crient, rient, pleurent, s’empiffrent, s’enivrent, se débauchent et s’étourdissent avant de disparaître sous les coups de la Grande Faucheuse ricanante qui les attend à la dernière page, au dos de la couverture.
Entre le bien et le mal, l’ange ou le diable, François Villon a choisi.
Pour l’instant, on le quitte, en pleine fuite à nouveau mais sauvé in extremis par une jeune fille de bonne famille, la belle Isabelle de Bruyère qui le cache et lui donne rendez-vous: «Demain, entre deux heures et quatre heures, à l’hôtel-Dieu, sous la Pierre-à –Eau.
Attendons !
Je, François Villon, 1, Mais où sont les neiges d'antan, Luigi Critone d'après Jean Teulé, Delcourt, 2011, 74 pages
Bienvenue à Jacques Viel qui nous rejoint cette semaine. Son blog : "Un amour de BD" est à voir et à suivre, par tous, bien sûr, mais certainement plus encore par les non spécialistes comme moi qui ont encore plein de choses à apprendre concernant le 9ème art.
J'en profite, en ce jour particulier d'une année bisextile, pour vous remercier tous , vous tous, mes chers amis fidèles du mercredi, pour cette confiance que vous voulez bien m'accorder, au fil des semaines, en partageant ainsi, avec enthousiasme, vos précieux billets sur vos BD du jour.