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Interview Alan Corbel

Publié le 29 février 2012 par Bullesonore
Interview Alan Corbel

Alan Corbel livre aujourd’hui un premier album – « Dead Men Chronicles » – très réussi et qui fait parti de nos albums tant adorés en ce début d’année 2012.  

« Dead Men Chronicles » est en quelque sorte un bouquet d’états d’âme avec une profonde mélancolie. Mais sans tomber dans le pathos et les histoires déprimantes, Alan Corbel -Proche des univers de Jeff Buckley et Elliott Smith – nous livre un premier bijou sonore dont la réalisation a été confiée au très élégant Bertrand Belin.

On souhaite que vous aussi vous sortez charmés de ce voyage mélancolique, ce road-movie en eaux profondes mais tellement captivant !

Bonjour Alan ! Peux-tu revenir en bref sur ta carrière musicale ?

Je suis rentré d’Angleterre en fin 2004, et puis j’ai commencé à me produire sur scène dans la foulée en 2005-2006 avec un duo qui s’appelait Mégalux (duo avec l’artiste Soazig Le Lay) avec lequel on a fait pas mal de concerts dont LesVieilles Charrues en 2007. Puis j’ai recommencé le projet en solo en 2008.

Tu as commencé aussi par participer à la scène slam rennaise à tes débuts

Je travaillais dans un bistrot où on accueillait des scènes slam, j’ai beaucoup aimé ce mode d’expression hyper spontané. Les scènes étaient presque récurrentes et  j’essayais d’arriver à chaque fois avec des nouveaux textes donc j’ai écris beaucoup et ça a demandé beaucoup de travail. J’y ai rencontré beaucoup de monde et notamment Soazig Le Lay qui était violoncelliste.

Interview Alan Corbel

Il y a quelque chose de peu commun chez toi, c’est que tu es luthier de formation. Qu’est-ce qui t’a attiré dans la fabrication de l’instrument ?

Je suis parti en Angleterre pour faire une formation de luthier mais je n’avais jamais songé à faire de la musique « professionnelle ». C’est un métier très passionnant mais je sais que ça serait difficile d’en vivre correctement. Dans l’idéal, j’adorerai fabriquer un violon tous les ans à coté de mes concerts et de pouvoir le vendre ou de faire jouer des musiciens avec. Si je peux continuer à faire de la lutherie, j’en serai ravi.

Entre jouer de la musique et fabriquer un instrument, il y a une grande différence ?

Je faisais de la guitare et j’écrivais depuis pas mal d’années, comme le faisait j’imagine plein de gens, en amateur dans ma chambre ou pour les copains (rires). Après le lycée, j’avais envie de partir, j’ai vu qu’il y avait une école de lutherie en Angleterre et donc j’y suis allé ! Puis je me suis retrouvé à participer à deux/trois projets musicaux qui ont marché, ce qui fait que j’ai laissé la lutherie au profit de la musique d’une façon assez imprévue.

Je n’ai pas connu Mégalux mais j’étais un grand fan de l’autre projet de Soazig, The Milk

http://www.dailymotion.com/video/x1c29t

(Alan, un peu étonné) Ah ! Ben j’étais co-auteur dans ce projet …

Du coup, l’écoute de cet album a un goût nostalgique mais sans tomber dans l’hommage aux fantômes, même si la mort est omniprésente… Je le vois d’ailleurs comme un disque qui accompagne ces fantômes et essaye de vivre avec eux.

Complètement ! Je ne voulais pas du tout faire un disque pour faire un deuil, puis on oublie et on passe à autre chose. Ce n’est pas vraiment un disque hommage mais je raconte comment une disparition change une vie et comment on continue à vivre … à vivre avec le souvenir. Dès que je vois quelqu’un qui joue du violoncelle, ben je repense à Soaz (sourire) et j’ai vraiment le sourire aux lèvres, ça ne va pas être un énième coup de couteau qu’on m’inflige. « Dead Men Chronicles », c’est une façon de mettre en musique des émotions liées à la disparition de quelqu’un mais aussi de raconter comment la vie continue et la façon dont ces gens nous accompagnent.

L’album ne parle pas que de Soazig mais tu as quand même tenu à garder la chanson « Children Of The Sun », qui lui est complètement dédiée, non ?

« Children Of The Sun », je la jouais avec Soaz (sourire) et j’avais envie d’avoir au moins une chanson de cet album qui était jouée avec elle… pour le clin d’oeil et puis c’est une chanson qui me plaît et qui raconte le passage à l’âge adulte et ses périodes de mue de la vie qui te font passer à autre chose. Passer une étape, changer et évoluer, ça évoque aussi cela. Et puis d’un autre coté, ça raconte ma façon de vivre : Je suis tout le temps en mouvement, tout le temps en vadrouille, je ne suis pas très casanier (sourire).

Interview Alan Corbel

Les chansons de « Dead Men Chronicles » sont très personnelles et donc tu aurais pu basculer vers un coté très sombre, pourtant les arrangements sont lumineux. Tu as essayé de trouver un juste milieu entre la musique, les arrangements et les paroles de ce disque ?

De nature, j’ai un coté assez mélancolique et donc c’est là aussi que c’était très intéressant de travailler avec d’autres personnes notamment Bertrand Belin. Sur l’album, Bertrand a pu emmené ce coté lumineux comme tu dis, un peu d’ensoleillement (rires) mais je n’ai pas forcément cherché à trouver quelqu’un qui pourrait amener l’album vers cette luminosité.

Donc ça s’est fait spontanément avec Bertrand, il a apporté quoi de plus à l’album ?

Il a apporté à « Dead Men Chronicles » un côté élégant et fin grâce à ses arrangements subtils, sur les cordes par exemple. Je pense que ça aurait été lourd d’avoir un album sombre et mélancolique même si dans ce que j’écoute comme musique ça ne donne pas du tout envie de faire la fête et de sauter partout (rires). J’ai beaucoup aimé le travail de Bertrand Belin sur cet album …

Vous avez joué ensemble avant ?

On a joué un tout petit peu ensemble à deux-trois reprises mais d’une façon assez simple, assis sur un canapé (sourire) à balancer les chansons. Puis très vite, nous sommes passés à l’étape studio. On a quand même pu garder des chansons comme elles étaient avant sans faire un grand changement dessus comme le morceau « Seven Nights ».

Tu t’es bien entouré quand même pour cet album, malgré ton coté mélancolique tu n’es pas du tout solitaire (sourire)

Je suis très admiratif des artistes qui arrivent à tout faire d’eux-même, je trouve cela génial. Après, j’aime beaucoup quand j’ai un coup de coeur pour un artiste de pouvoir collaborer avec lui. Pour être totalement franc, sur ce premier disque, je me voyais mal tout assumer et tout porter sur mon dos. Tatiana Mladenovitch, je l’ai rencontrée à un concert de Bertrand Belin et j’ai voulu travailler avec elle avant même de demander à Bertrand s’il pouvait réaliser mon album.
J’avais un morceau piano-voix, il se trouve que je ne suis pas pianiste du tout (rires) et donc je cherchais quelqu’un qui jouait correctement du piano et c’est tombé sur Albin de la Simone (sourire).

Ce qui me surprend avec cet album, c’est le son ! On a l’impression que ça sonne comme si c’était enregistré dans une chambre.

J’avais cette volonté de garder beaucoup de chaleur sur ce disque, après niveau technique je serai incapable de te dire comment on a obtenu ce résultat de son « vintage » (rires). Bertrand Belin m’a présenté Jean-Baptiste Bruhnes (Catherine Ringer, Claire Denamur, Arlt, Arthur H, …) qui a enregistré et mixé l’album, et on s’est demandé vers où on pourra aller. Faut aussi dire que j’aime les choses qui ont une âme artisanale et où on sent la proximité et la chaleur. ça ne me gêne guère un disque enregistré dans la campagne et où on retrouve dessus un oiseau qui chante ou une porte qui se referme (rires), ce genre d’imperfection me parait audible (sourire).

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Tu écris beaucoup en français mais tu ne t’es jamais aventuré pour en faire des chansons en français.

Je continue encore à écrire en français, j’écris beaucoup de poésies et je propose mes textes à d’autres personnes … mais il se trouve qu’aujourd’hui c’est plus vocalement que je ne suis pas satisfait du résultat sur du texte en français. Je vais avoir un gros boulot pour être satisfait d’une chanson en français comme je le suis d’un morceau de « Dead Men Chronicles » pour m’habituer à ma voix.

Pas très adepte du mélanger français-anglais alors ?

Sans mitrailler ces projets qui se permettent de mélanger les langues (rires), je ne suis pas très fan de cela. On verra pour la suite, peut-être que je ferai des choses différentes.

Tu as promu « Dead Men Chronicles » via un canal bien précis, le site Vente-Privée, penses-tu qu’aujourd’hui il ne faut se mettre aucune limite quand on veut vendre son disque ? 

A partir du moment où tu restes cohérent avec tes idées et que tu arrives à te regarder dans une glace, il n’y a aucun problème. En aucun cas, je n’ai eu l’impression de vendre mon âme au diable en promouvant mon disque sur ce site internet (sourire). C’était aussi une première façon de lancer le disque avant la sortie plus classique qui a eu lieu la semaine dernière, et qui plus est via ce site c’était une vente physique. Pour un artiste qui n’était pas connu, vendre 5 000 albums en trois semaines, c’était pas mal du tout.

Vous avez aussi touché un public différent ?

On a touché des gens qui ne se seraient pas déplacés jusqu’aux magasins pour acheter cet album. Je suis heureux de l’avoir promu de cette manière et je trouve que c’était une belle façon de prouver qu’on peut encore vendre des disques (rires).

Pour revenir à ce que je te disais avant, je n’ai aucun problème avec cette manière de promotion de mon disque. Je fais de la musique mais aussi des petits boulots à coté pour en vivre. J’imagine que certaines personnes vont trouver cela dévalorisant ou qu’on vend son âme au diable, après je n’irai pas à donner mes chansons au Front National pour toucher la SACEM à chaque meeting !

Tu restes cohérent je trouve puisque tu viens de sortir une nouvelle édition de « Dead Men Chronicles » via le label Cinq7 avec des bonus !

Pour les bonus, Il y a deux titres studio, dont le morceau piano-voix avec Albin de la Simone et un autre titre qu’on a enregistré juste Bertrand et moi. Et il y a également deux titres acoustiques avec deux musiciens qui m’accompagnent sur scène. Ce sont deux titres qui figurent déjà sur l’album « Yours and Mine » et « Seven Nights », mais qui sont ici en version violoncelle-contrebasse-guitare. La sortie du disque via le label Cinq7 nous a permis de proposer une édition avec un livret, des bonus en plus, il y a eu quelque chose d’évolutif et de cohérent.

Interview Alan Corbel

On discutait du slam tout à l’heure, des rencontres, de Mégalux… y a aussi ce coté chez Alan Corbel de faire de la musique et se faire plaisir aussi

Je continue à jouer avec d’autres groupes à coté de ma carrière solo. Il y a un groupe de rock-fanfare complètement débile avec qui je joue (rires) et qui est juste une cours de récréation (sourire). Après, le fait de faire un concert et se retrouver à délire avec des gens, en étant payer  25 euros et un pack de bières (rires) ça détend un peu et puis tu gardes les pieds sur terre.

Merci pour cet entretien sincère et humain, tu veux rajouter quelque chose ?

Les dates de concert sont entrain de se mettre en place petit à petit, j’espère juste qu’elles vont être de plus en plus nombreuses (sourire). Et puis si l’album « Dead Men Chronicles » réussit bien dans sa vie commerciale, j’espère qu’il y aura une suite avec un deuxième disque !

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Premier album, Dead Men Chronicles , sorti le 20 février 2012, chez Cinq7
Alan Corbel sera en concert au Café de la Danse le 9 avril : Tickets : http://www.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Pop-rock-Folk-ALAN-CORBEL-CD09F.htm

Crédit Photo : SLG Photographies
Remerciements :  Lara Orsal d’Ivox et le label Cinq7


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