La naissance du Gegika !
En brossant le portrait d’Hiroshi Katsumi, qui n’est autre que l’auteur lui-même, Yoshihiro Tatsumi lève le voile sur sa vie familiale et sur son évolution en tant qu’artiste. De parents qui ont du mal à joindre les deux bouts à ce frère aîné malade et jaloux, en passant par un certain Osamu Tezuka, le lecteur découvre les éléments fondateurs de la carrière de ce mangaka de renom.
Situé à Osaka, au début des années 1950, le récit dresse également le portrait d’un Japon d’après guerre, en pleine reconstruction et se remettant péniblement des conséquences la seconde guerre mondiale sous la tutelle des américains. Cette page d’Histoire est accompagnée d’une véritable révolution du marché du manga, que l’auteur invite à découvrir de l’intérieur. De son admiration pour Osamu Tezuka en passant par le gain de quelques concours de dessin qui permettent à la famille de sortir quelque peu la tête hors de l’eau, le lecteur découvre un genre qui part à la recherche de récits plus longs et plus sérieux et assiste à la naissance du Gegika.
Mais ce qui fait toute la saveur et la force de cette rétrospective est le ton nostalgique qui se dégage de cette œuvre. Le regard de cet homme âgé, soixante ans après les faits, sur l’une des périodes les plus novatrices qu’ont connu le manga et le Japon, est empli de sagesse et de justesse. Allez, viens t’asseoir ici petit, que papy te raconte la révolution qu’a vécu le manga dans un Japon en ruines… tout débute au milieu du siècle dernier, papy n’était qu’un adolescent, son frère était très malade et sa famille n’avait pas un radis. Le papy en question n’est autre que Yoshihiro Tatsumi et le récit de sa vie est passionnant. Un véritable chef-d’œuvre !
Si ce premier tome est d’une grande richesse culturelle et historique, le trait limpide et la mise en scène forcément cinématographique de Yohihiro Tatsumi, rendent l’ensemble extrêmement lisible.
Récompensé par le Grand prix du prix culturel Osamu Tezuka en 2009, par un Will Eisner Award en 2010 et par le Prix regards sur le monde au Festival d’Angoulême en 2012, cette petite perle servira également de base à un film d’animation réalisé par Eric Khoo, dont voici la bande annonce :
Une œuvre incontournable !