Premier argument, le plus ancien : l’archaïsme des thèses et propositions du candidat Hollande. Grands spécialistes de cette idée lumineuse : Jean-François Copé, François Baroin et Xavier Bertrand. Dès que Hollande avance un projet de réforme ils montent au créneau : archaïsme, vieilles recettes, obsolescence et ringardise, programme commun de la gauche, vieilles lunes idéologiques, etc.
Il faut bien voir ici la curieuse conception du vocabulaire qui sous-tend ces propos : la dichotomie de base qui structure leur pensée politique est invariablement ringard / moderne. Les socialos c’est ringard, le sarkozisme c’est moderne. La seule opposition valide que reconnaissent ces héros de la pensée politique, c’est : eux vivent dans le passé, nous préparons l’avenir. Le paradigme est imparable mais amène à d’étranges équivalences dont ils ne semblent même pas avoir conscience : tout ce qui tend à corriger des injustices, à rétablir un semblant d’équité, à modifier la répartition des richesses, est archaïque ; tout ce qui tend à squeezer un peu plus les pauvres, à favoriser les plus aisés (alias « favoriser l’investissement »), à accentuer le fossé entre riches et pauvres (pour faire simple) est moderne.
Enfin troisième et dernier argument et non des moindres puisqu’il constitue l’essentiel du programme de la campagne en cours : on va voir ce qu’on va voir, la France ne va pas pouvoir reprendre son souffle avec une proposition de réforme par jour jusqu’à la veille du premier tour ! Ce n’est plus un programme, c’est un show permanent. Il ne s’agit pas de convaincre les électeurs mais de les étourdir, de les empêcher de penser, en particulier à ce qui s’est passé durant le quinquennat qui s’achève. Chaque jour amène son projet, insignifiant ou mirifique peu importe, projet sans rapport avec celui de la veille ni avec celui du lendemain.
La méthode est formidable. Il suffit d’empiler les idées des membres du think tank présidentiel. Nul besoin de cohérence, l’essentiel est d’obliger l’adversaire à réagir sans arrêt, sur tout et n’importe quoi. Vision globale de notre société, de l’Europe, de la crise, de la mondialisation, des grands équilibres politiques et économiques, du développement etc. : ça va pas non ? nous on s’intéresse à ce qui intéresse les Français.
En un mot toute la stratégie du candidat Sarkozy est celle du roquet qui harcèle sans cesse, qui jappe sans arrêt, qui mordille dès qu’il peut. Une vraie bête politique.
Maurice Claqueboudin