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On était à la soirée « Time Bomb & Friends »

Publié le 28 février 2012 par Wtfru @romain_wtfru

On était à la soirée « Time Bomb & Friends »

C’était la fête du hip-hop français samedi soir, au canal 93 de Bobigny. Soirée Time Bomb and Friends, festival de MC’s , presque 20 ans de rap retracés en un peu moins de 3h. On a vraiment vu trop de monde, on a trop de choses à vous raconter donc on va pas s’étendre sur le contexte plus longtemps. Juste cette phrase, répétée une vingtaine de fois par l’animateur de la soirée DJ Fab (Generations 88.2/Undergroud Explorer) : « Cette soirée va devenir anthologique ».  Ok, on écoute.

La soirée est divisée en 2 parties. Pour chauffer le public et la scéne, 5 jeunes groupes, lauréats de concours « Backin’ Time Bomb » vont se relayer le temps de 2 ou 3 morceaux chacun. Les niveaux sont inégaux mais on retiendra quand même 100zek, duo du 77 et leurs mélodies du Queens, Pejmaxx, qui ressemble de moins en moins à un rookie et qui sort son album Porte Parole dans la semaine . Et puis une petite révélation, Aliaskeez, Mc parisien au look improbable, sorte de mélange entre Guizmo et Scarface des Geto Boys. Accompagné de son pote sosie de Redman qui rappe en américain, ils mettent le feu à la salle en une dizaine de minutes. En plus ils ont déjà un tube, et le clip taré qui va avec. Celui la on va le suivre de prés…

Mais tout ca c’est juste l’apéro, une petite mise en bouche avant l’arrivée des poids lourds. DJ Kozi prend place derrière les platines pour enchainer les gros classiques US, le temps d’un entracte qui nous permet de souffler un peu. On craque un joint, on boit une bière et c’est déjà reparti. DJ Nels est la pour envoyer la sauce, et c’est Mr. JL du collectif Mic Pro qui se lance en premier. Surement pas le plus connu des mc’s à l’affiche ce soir, surement pas le moins bon non plus. Les connaisseurs le savent, ca fait un moment que ces mecs la œuvrent dans l’underground. Le résultat est à la hauteur et si tu connaissais pas JL, maintenant tu sais qui il est.
On enchaine sans perdre de temps. « Vous connaissez la Cliqua ? » Ben ouais, Kohndo débarque sur scène, sourire aux lèvres et béret vissé sur le crane, comme à son habitude. Il a l’air de prendre autant de plaisir à rapper que le public quand il entend résonner les premières notes de « Tué dans la rue ». Un public très réceptif et qui même si il rame un peu pour reprendre certaines paroles avec les rappeurs, aura grandement contribué à la bonne ambiance de la soirée, saluée par pas mal d’artistes.

Ambiance karaoké donc, surtout quand Fab invite le public à rapper sur Pendez-les, Bandez-les des xmen. Sans surprise, Cassidy rentre pour poser son couplet, effet garanti. Et si il a l’air un peu mou sur ses premières phases, le lascar va se chauffer très vite. Ce mec la est un putain de rappeur et va le prouver en quelques vingt minutes. Il alterne nouveaux (très bons) morceaux et classiques des X. Impossible bien sur de ne pas regretter l’absence de Ill lorsque le morceau j’attaque du Mike se coupe au bout d’un seul couplet…Mais on oublie lorsque Cass reprend les vers de Hill G sur Retour aux Pyramides, pour ce qui reste encore comme l’un des meilleurs 16 de l’histoire du rap français. Autour de nous les odeurs de Marie-Jeanne sont grillées comme la gaule dans un survet’ Lotto, surtout au moment de One, One, One. Les gens se mettent bien, Cassidy vient de signer la première très grosse performance de la soirée, les choses sont vraiment lancées.
D’ailleurs c’est au tour d’Oxmo d’entrer sur scène. En patron comme d’hab, les yeux qui pétillent, preuve que la soirée doit se passer aussi bien en coulisses que dans la fosse. L’homme a l’air d’humeur joueuse, il est ici chez lui et a bien envie de squatter la scène. Bonne nouvelle. « Bon on commence par quoi ? » Ce sera finalement Pucc’ Fiction, puis J’ai mal au Mic, Alias Jon Smoke et l’enfant seul. Plutôt pas mal comme sélection. Et comme il n’arrive pas à partir, le boss nous rajoute un petit bonus, une petite friandise au sucre pimenté, comme un avant-gout de son prochain album.

Arrive ensuite un rappeur qui fait son job à plein temps. A peine ces quelques mots prononcés et la foule laisse exploser une joie prononcée. Ce n’est pas au tour du plus reconnu des mc de jouer mais peut être d’un de ceux qui bénéficie d’une des plus grosses cote de popularité.
Qui est-il ? Busta Flex D’où vient il ? D’Epinay sur seine dans le 9-3. Que fait-il ? Des rimes et du son. Et plutôt du bon. En plus de J’fais mon job à plein temps, l’ultra classique Pourquoi, immortalisé par une forêt d’iphone et Le Zedou part. 2, réalisé a capella, sous la pression du public. Les puristes auront pu apprécier la précision du flow, toujours présente 10 ans après. Bref tu connais la viiiiiibe, Busta c’est du lourd et pour toujours. Et en bonus, on lui offre la palme du MC le plus marrant de la soirée, de celui qui pousse l’egotrip jusque dans la vanne. Bref du Swag, du très gros Swag.
En même temps c’est sur qu’on allait pas donner le prix du comique au rappeur suivant, j’ai nommé Ali, moitié de Lunatic. L’ambiance change avec l’arrivée du barbu du 92, qui s’éloigne un peu du délire old school en interprétant uniquement des titres de son dernier disque Tsunami. Bon y’a eu des surprises tout au long de la soirée mais on se doutait bien que Booba ne se cachait pas dans les coulisses pour un revival Lunatic.
On a trop de respect pour l’homme pour dire qu’il a un peu cassé l’ambiance mais on est bien content de voir ensuite débouler un homme dont on a envie de crier le nom, un homme et son microphone, le Pape de Boulogne : DANY DAN !

 L’émotion d’avoir face à nous une telle légende du rap français prend le pas sur tout le reste. Pour faire simple, il aurait pu chier sur la scène, on aurait quand même kiffé ! Trop de swag, trop de phases, trop de tout. Dany Dan, No homo, mais je t’aime. Un mètre 90 de relâchement et de décontraction, histoire de contempler le rap français d’en haut. Et lorsque le bougre quitte la scène sans même un mot pour son public, on se dit que ca peut pas se finir comme ca. Et en effet, Dan revient avec ses potes Melopheelo et Zoxea pour une bonne dose de SHOWTIME, à la façon de Magic et des Lakers des 80’s. Le public en demandant encore plus, on a même le droit à un Qu’est-ce qui fait marcher les Sages pour le coup…anthologique ! Voila une belle manière de boucler la soirée.

Dj Fab, qui aura assuré les transitions tout au long du concert prend une dernière fois le mic, pour appeler les tauliers, les architectes sonores de la soirée, DJ Sek et DJ Mars (Ricky était malade, il a amené un mot de son docteur et tout…). Ces derniers font monter tous les artistes encore présent pour ce qui se transforme en un freestyle géant. Tout le monde s’en donne à cœur joie (enfin quand Zoxea accepte de lâcher le micro…), on retrouve des têtes connues venues participer à la fête (Diable Rouge, Ziko de La Brigade…). Bref une bien belle image avant de rendre les platines à Kozi, qui ambiancera tout le monde jusque tard dans la nuit.
La morale de cette soirée, mieux vaut être vieux et savoir rapper qu’être jeune et pomper (c’est pas parce que tu fais des allitérations t’es un bon mon amis les 1995). Time Bomb terre promise des mc’s 4eva.

TRISTAN


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