Gallimard, 3 mars 2005, 331 pages
Résumé de l'éditeur :
"Edgar aimait le pouvoir mais il en détestait les aléas. Il aurait trouvé humiliant de devoir le remettre en jeu à intervalles réguliers devant des électeurs qui n'avaient pas le millième de sa capacité à raisonner. Et il n'admettait pas non plus que les hommes élus par ce troupeau sans éducation ni classe puissent menacer sa position qui devait être stable dans l'intérêt même du pays.
Il était devenu à sa façon consul à vie. Il avait su créer le lien direct avec le Président qui le rendait incontournable. Aucun ministre de la Justice ne pourrait désormais se comporter à son endroit en supérieur hiérarchique direct. Il devenait l'unique mesure de la pertinence morale et politique."
John Edgar Hoover, à la tête du FBI pendant près d'un demi-siècle, a imposé son ombre à tous les dirigeants américains. De 1924 à 1972, les plus grands personnages de L'histoire des Etats-Unis seront traqués jusque dans leur intimité par celui qui s'est érigé en garant de la morale.
Mon avis :
Voici un roman fort intéressant sur la façon de travailler d'Edgar (oui, je l'appelle Edgar, maintenant, car on le voit partout au cinéma et on n'entend que son nom, à croire qu'il est encore bien vivant).
Des fiches sur tout le monde ; des écoutes de tout le monde ; le nez creux pour avoir découvert le père de JFK et de Bob et s'en être fait un ami. Par certains aspects de son travail, il m'a fait penser à Charles Pasqua - mais ceci n'engage que moi.
Très intéressant de découvrir pourquoi et comment on avait tué Marilyn ; les hypothèses sur la mort des deux frères Kennedy.
Et puis que cet homme était obsedé par les communistes. Bien évidemment, l'époque voulait cela, et à l'époque de sa nomination à son poste, sa "guerre" était justifiée. Mais plus sur la fin de sa vie. Un homme qui est resté campé sur ses positions jusqu'au bout. Au risque de mettre la nation en péril en voulant la protéger.
J'ai donc fait la découverte d'un homme qui n'avait pas de vision de l'avenir pour son pays, alors qu'il était à un poste-clé. On finit par aimer le suffrage universel pour éviter de tels dérapages...
Toutefois, le personnage de Clyde, le narrateur, m'a gêné. Forcément au courant de tous les tenants et aboutissants de toutes les affaires politiques en temps que numéro 2 du FBI et, accessoirement, amant d'Edgar, il se comporte comme s'il ne savait rien, ou en tout cas ne sachant jamais le fin mot de l'histoire. Il ne révèle finalement que ce qu'il veut. Frustrant.
Après "L'insomnie des étoiles", j'ai beaucoup aimé cet ancien roman de Marc Dugain.
L'image que je retiendrai :
Une expression, qui montre que tout le monde à Washington était au courant de l'homosexualité d'Edgar, mais que rien ne filtrait. Le couple était appelé "Johnny and Clyde".