C’est le terme qui revient le plus aujourd’hui, la “poussée de la gauche”, à défaut de vague ou de marée rose… Je me demande si parler de “vote sanction“, ainsi que le fait Madame Royal, n’est pas un peu poussif, pour le coup… Il y a peut être un peu de “rejet de la droite” en effet, mais cela ne sent pas le “vote de conviction” dévoué au PS non plus…
En réalité, de ce qu’il fut possible d’observer à Bordeaux, les choses semblaient largement jouées d’avance. Ayant reçu nombre de prospectus des Sieurs Juppé et Rousset (et du très drôle candidat que nous avions aussi, Marc Vanhove, dont le slogan était “votez pas Alain, votez malin”…), ayant aussi croisé vendredi soir dernier Alain Rousset lors de la petite manifestation organisée par Noël Mamère au Palais de Justice pour témoigner un soutien à Ingrid Bétancourt, ayant observé - au cours des derniers mois surtout - l’espèce de campagne à reculons menée par la tête de liste du PS ici, il n’y a rien d’étonnant ni de détonnant dans la victoire de l’ex-désavoué des législatives… Rousset n’a pas vraiment fait campagne et vendredi soir, alors qu’il n’y avait pas de caméras sur le parvis du Palais de Justice, la défaite se sentait déjà largement… A la fin du discours de Mamère, les militants présents demandent à Rousset de faire un discours à son tour. Un assistant avait pris le temps de lui rédiger une note… Dont il ne s’est pas servi, car la seule parole qu’il a eu après Noël fut “Pareil”… “Et encore mieux”… Avant de tourner les talons, seul, et de repartir vers le Conseil Régional…
Lorsque l’on a une autoroute libre devant soi et que l’on en profite pas pour tout donner contre une machine de guerre, alors on ne peut se targuer se quoi que ce soit, à mes yeux… Ici à Bordeaux, les quelques meetings que nous avons vus ou que l’on nous a rapportés n’étaient que des discours de contestation, de la facilité en paroles, et même du “populisme de gauche”, ai-je presque envie de dire… Sur une demi heure de discours, les candidats passaient 20 minutes à “chauffer la salle” en tapant sur Sarko et sa clique… Mais à quoi bon? Les gens, dans la salle, n’étaient-ils pas là justement en partie à cause de ça? N’attendons nous pas maintenant autre chose? Surtout pour des élections locales? Ou l’on peut montrer que dans les faits, sur le terrain, tout n’est pas voué à subir les politiques sarkozystes, qu’il existe encore des bastions solides où les “valeurs de la gauche” sont fortes…?
Certes, cela ne vaut pas pour tous les candidats socialistes, mais j’avoue que ce parti m’exaspère de plus en plus…
Je ne m’étendrais pas sur le Modem non plus… qui dans sa stratégie du cas par cas, “ville par ville, candidat par candidat”, montre encore qu’il n’a pas de valeurs (”fortes” ai-je envie d’ajouter… mais je ne vois même pas les prémisses d’un tout solide…), si ce n’est celles de la Girouette au grès du Vent… Faisons dans le pragmatisme là encore, jamais dans l’idéologique surtout, et sauvons les meubles! Comment se fier et avoir foi en un tel parti donc, si l’on ne sait de quel pied il va danser?
Enfin, les Verts ne s’en tirent pas trop mal et cela mérite d’être souligné! Baupin estime qu’on les avait “sous-estimés”, justement. Et c’est vrai. Ils risquent de se retrouver avec plus de représentants qu’ils n’en avaient avant. Sur le canton que j’évoquais indirectement dans ce billet, ils ont fait 13.3%, variant entre 8 et 20% selon les communes. Certes, il est vrai que les Verts font toujours de bons scores pour les élections locales (et européennes). Mais il est satisfaisant de voir qu’ils ont mieux fait qu’en 2001: c’est assez encourageant pour l’écologie politique, que l’on pouvait estimer comme “morte” après les présidentielles. Ils ont aussi pris des risques parfois, en faisant campagne seuls et en étant détachés du PS, quitte à renoncer à quelques sièges d’ailleurs… Que cela ne les empêchent pas néanmoins de réfléchir et se réformer, car leur image est tout de même bien ternie depuis quelques années! La LCR a aussi fait des scores remarquables par endroit, et cela la conforme assurément dans son envie de créer un gros parti à gauche de la gauche…
La question que je me pose en fait est donc de savoir s’il ne faudrait pas mettre fin au PS…? Dans le sens du PS que nous avons majoritairement aujourd’hui, fait de consensus mous, incapable de réaffirmer ses valeurs et se rapprochant de plus en plus du centre, tiré qu’il est par la droite… Certes, cela n’est qu’une analyse binaire, traditionnelle sur la grille droite/gauche, mais il y a un manque certain de valeurs, de piliers autour desquels se rallier aujourd’hui, à gauche, ou dans un camp “libéral” opposé à un camp “conservateur” si vous préférez cette terminologie… Reconsidérer à la fois les valeurs de l’écologie politique et regarder ce qui se trame “à gauche de la gauche” permettra peut être d’avoir un début de réponse…? Et lorsque l’on dit “reconsidérer”, c’est lire entre les lignes, arrêter de mettre systématiquement dans des cases selon l’étiquette du parti, faire un effort pour comprendre que l’écologie politique, par exemple, ce n’est pas seulement dénoncer que les petits oiseaux ne font plus cui-cui au printemps, mais peut être aussi proposer des solution entrepreneuriales, des valeurs modernes et solidaires, sociales, réelles, à l’image de ce vers quoi les jeunes aspirent aujourd’hui de plus en plus, il me semble…?
Bref, ces élections me font l’effet d’un mi-cuit au chocolat un peu raté en fait… On a envie de le remettre un peu au four tout en ayant peur qu’il ne soit plus mi-cuit justement… Alors on le mange quand même en se disant que l’on changera peut être de recette la prochaine fois, car finalement ce n’est pas si mauvais… Une question de cuisson paraît-il… La qualité du four aussi peut jouer… Mais bizarrement, même si la maison brûle, certains font encore les grenouilles et ne sautent pas à pieds joints dans le XXIième siècle, ne serait-ce que pour sauver leur peau…
A noter: le blog des municipales de Bordeaux par des étudiants de Sciences-Po