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Harvey Weinstein, The Artist lui offre sa revanche

Par Mickabenda @judaicine
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Avec le succès de The Artist aux Oscars, le producteur, promoteur et distributeur du film aux Etats-Unis obtient une belle revanche sur Hollywood qui selon les époques, l’admire, le craint ou le boude.

En dépit de son physique de sumo juif new-yorkais, le distributeur américain Harvey Weinstein est le Usain Bolt des salles obscures.

Le champion. En 2011, il bataillait pour offrir au Discours d’un roi sa statuette et, cette année, il pulvérise son record: The Artist est le premier long-métrage français à gagner l’oscar du meilleur film.

Pour lui qui a eu la révélation du 7e art avec Les 400 Coups, de François Truffaut, et a appris les ficelles du métier auprès du producteur de Plein soleil, Robert Hakim, c’est un vieux rêve qui s’accomplit enfin. Et une belle revanche, dix ans après le raté du Fabuleux Destin d’Amélie Poulain.

En 2002, Harvey est le patron de Miramax, créé avec son frère Bob. Vénéré pour avoir catapulté les indépendants américains et le cinéma étranger sur le devant de la scène, il est connu pour ses méthodes agressives.

On le dit prêt à tout pour montrer ses bébés aux 6 000 votants de l’académie des Oscars et profiter de la visibilité qu’offre la cérémonie. Il se jette dans la bataille promotionnelle après Cannes. « Il s’asseyait pratiquement à côté de vous pour être sûr que vous regardiez son film! » ironise le journaliste Peter Biskind.

A l’époque d’Amélie Poulain, Harvey Weinstein affrète un jet de Londres pour qu’Audrey Tautou parade aux Golden Globes, et obtient cinq nominations aux Oscars.

Les jeux étaient (quasiment) faits. Jean-Pierre Jeunet s’en souvient encore: « J’avais même reçu une lettre de félicitations de la part de Steven Spielberg! »

Viré de Miramax, il fonde The Weinstein Company. Mais Harvey a des ennemis. Il pousse le bouchon trop loin et la profession le boude. Résultat: zéro pointé. Le distributeur s’excusera auprès du réalisateur.

En dix ans, Harvey n’a jamais retrouvé de films français capables de gagner l’Oscar. La Môme, il n’en était pas le distributeur. Cela dit, il avait d’autres chats à fouetter: viré de Miramax, il a développé The Weinstein Company, toujours avec Bob, et a frôlé la faillite.

« Depuis qu’il a eu des difficultés, beaucoup de gens le trouvent sympathique », affirme Peter Biskind. Il a donc le vent en poupe lorsque Vincent Maraval, responsable des ventes à l’international, l’invite, en mars, à voir un film sans préciser de quoi il retourne.

Sans hésiter, l’Américain s’envole pour Paris et a le coup de foudre pour The Artist. Ce film est, pour lui, une histoire de famille: Claude Berri était un ami et son fils, Thomas Langmann, producteur du film, aussi. Il a salué la prise de risque du Français et vite compris le potentiel de cette oeuvre fragile, mais assez originale pour être vendue comme telle.

Il s’est donc jeté dans la bataille promotionnelle après la projection du film au Festival de Cannes. « A Hollywood, il est le seul à pouvoir faire ce qu’il a réussi avec The Artist« , confie Gilles Paquet-Brenner, réalisateur d’Elle s’appelait Sarah, que l’homme a distribué aux Etats-Unis.

Si l’Oscar est une belle revanche, Harvey Weinstein avait, comme toujours, déjà gagné: grâce à sa campagne, Amélie Poulain engrangea 33 millions de dollars de recettes.

Pas un film français de langue française n’a fait mieux… jusqu’à The Artist, qui devrait le battre après son triomphe de dimanche.

Par Julien Welter (pour LEXPRESS.fr)

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