Ce château qui compte parmi les plus élégants du Val de Loire est merveilleusement entretenu et somptueusement meublé. Il est ouvert au public depuis 1922 et c’est ainsi que Georges Rémy alias Hergé utilisa l’une de ses brochures touristiques pour se l’approprier sous la forme du château de Moulinsart, en lui soustrayant ses deux pavillons latéraux.
Entre 1624 et 1640, le comte Hurault et son épouse entreprennent les travaux de construction dont ils ne verront pas la fin. L’architecte Jaques Bougier, un blésois qui travailla aussi à Blois et à Chambord, utilise une pierre de la vallée du Cher qui a pour caractéristique de s’éclaircir et de durcir avec le temps.
La décoration intérieure est confiée à Jean Monier qui fut aussi employé au palais du Luxembourg par la reine Marie de Médicis.
Ce qui frappe, c’est l’élégance et la grande unité de l’édifice, parfaitement posé sur son coussin de velours vert. L’escalier d’honneur, nouveauté, est droit et à palier, et non plus à vis. Nous sommes désormais dans le style Louis XIII … Il est sculpté de fruits, fleurs, symboles de la guerre et des arts.
Au rez-de-chaussée, la salle à manger d’apparat et sa cheminée monumentale. Elle est ornée du buste d’Henri IV, dont le père du constructeur était le Chancelier. Nous sommes en présence d’une dynastie de noblesse de robe, qui a survécu et conservé entre ses mains, quasiment sans interruption, le château dans la famille, et dont les descendants habitent l’aile droite.
Salles d’apparat avec plafonds à la française (poutres et solives), chambre du Roi avec le lit où Henri IV passa une nuit dans l’ancien château, c’est surtout au premier étage que les salons et les chambres « parlent ». Mobilier d’un goût exquis – des commodes merveilleuses dont une de Riesener, une en pur style Boulle – pendules qui sonnent l’heure, portraits, paysages, fauteuils recouverts de tapisseries d’Aubusson d’origine, chambre d’enfants, chambre des naissances, petite salle à manger au couvert prêt à l’emploi, tout ici ne respire que l’art de vivre à la française, le sommet du haut goût, sans ostentation mais avec de franches couleurs qui donnent des idées de décoration (surtout à moi qui affectionne les tapisseries à grands motifs).
Bref, une très agréable visite, complétée par une exposition sur les albums de Tintin qui donne furieusement envie d’aller voir le musée à Bruxelles.
Autre spectacle quotidien, mais j’en ferai un billet à part : la meute de Cheverny ….à suivre !
Quelques photos en diaporama pour compléter, à droite.