Bien souvent, notre vision s’arrête à quelques éléments tronqués en fonction de nos connaissances de la religion et de notre culture générale : l’image d’un chandelier à sept branches, des souvenirs de certains passages de l’Ancien Testament, une vague idée de la Bar Mitsva ou de Hanouka…
Outre l’accueil et le sourire des gardiens (c’est bien loin d’être le cas dans chaque musée !), l’établissement étonne par sa volonté d’expliquer par des mots simples la culture et l’histoire juives grâce à des « panneaux-cadres » qui jalonnent le parcours. Ils expliquent sans victimiser l’histoire du peuple juif au fil des siècles, certains aspects religieux et sociétal parfois abstraits : qu’est-ce que manger « cachère », pourquoi la circoncision, quels sont les caractéristiques du mariage juif, quel est le rôle des responsables du culte… Quel dommage cependant que la police des textes soit si petite et que les contenus soient parfois conséquents à lire pour le « visiteur-fourmis ».
Le second bémol est sans doute le manque de lisibilité du séquençage de l’exposition permanente : le parcours est certes chrono-thématique mais certains thèmes se répètent ; parfois, certains objets (chandeliers notamment) sont présentés sans correspondre en apparence aux messages délivrés à proximité (début du 2nd niveau). La fin du parcours traitant de la formation et de l’histoire de l’Etat d’Israël demeure assez succincte (on peut en comprendre implicitement les raisons), et se résume quasi à une simple frise chronologique. Pour ne pas sembler marcher ainsi « sur des œufs » en fin de parcours, ne serait-ce pas judicieux d’y placer ici les portraits de Juifs d’aujourd’hui qui courent le long des bas-côtés des expôts du 1er niveau pour aborder le volet contemporain ?
Si on ne peut rien enlever à la qualité des objets exposés et à l'élégance du mobilier scénographique, il manque peut-être en sus des textes, une diversité des moyens de médiation : le visiteur attendrait des séquences audiovisuelles (des témoignages et des reportages par exemple sur comment fête-t-on Hanouka aujourd’hui, célèbre-t-on un mariage, pratique-t-on le culte…) ou encore quelques illustrations explicatives et autres interactifs (schémas et organigramme de la hiérarchie du culte, diagrammes, chronologies…).
Mais ce déficit muséographique est en partie contrebalancé par cette volonté permanente de transmettre et de partager, qui sous-tend à la découverte de la programmation culturelle proposée et de la qualité du centre de ressources.
On repart quoi qu’il en soit de ce musée agréablement surpris mais en attente d’une exposition moins « classique », libérée du récurrent binôme texte/collection. Au regard des ingrédients déjà sur place, l’établissement aurait tout à gagner d’un parti pris plus dynamique et davantage adapté aux publics d’aujourd’hui.