Le fondateur de WikiLeaks Julian Assange a déclaré lundi à Londres que les courriels de la société américaine de renseignement et d'analyse stratégique Stratfor publiés par son site allaient lever le voile sur «les mensonges cachés des espions privés».
«Au cours des dix dernières années», ces firmes de renseignement ont «prospéré aux États-Unis et dans d'autres pays, sans rendre pour autant plus de comptes», a expliqué l'Australien lors d'une conférence de presse, quelques heures après l'annonce par WikiLeaks de la publication dans les prochaines semaines de plus de cinq millions de courriels.
D'après WikiLeaks, ces courriels vont permettre de «lever le voile» sur des pratiques allant «des techniques d'espionnage douteuses à une affaire de délit d'initiés avec Goldman Sachs».
Assange a accusé les analystes de Stratfor de «jouer les James Bond de la manière la plus absurde et souvent la plus inefficace».
Selon WikiLeaks, les premiers courriels publiés lundi suggèrent notamment que Dow Chemical, maison-mère de l'entreprise responsable de la catastrophe de Bhopal en 1984, a payé la firme pour espionner les groupes de défense des victimes. D'autres montrent que Coca-Cola l'a chargée d'enquêter sur l'association de défense des animaux Peta.
Une part «substantielle» du financement de Stratfor proviendrait d'agences gouvernementales, y compris le Département américain de la Sécurité intérieure, avance WikiLeaks, qui n'a toutefois pas fourni de chiffres précis.
Ces courriels montrent aussi que Stratfor a surveillé WikiLeaks, a assuré Assange.
L'Australien a refusé de préciser comment son site était entré en possession de ces courriels datant de 2004 à 2011, mais le groupe de pirates informatiques Anonymous avait annoncé en décembre qu'il les avait piratés.
Stratfor a dénoncé «une violation déplorable» de «la confidentialité», soulignant que certains courriels pouvaient «être authentiques», mais d'autres «falsifiés».
Assange, dont le site s'était illustré en 2010 en publiant des documents militaires secrets sur l'Irak et l'Afghanistan et des télégrammes diplomatiques américains, est assigné à résidence au Royaume-Uni depuis plus d'un an.
Il attend que la justice britannique statue définitivement sur le mandat d'arrêt émis contre lui par la Suède dans une affaire de viol et d'agressions sexuelles, qu'il a toujours niés.
Source : Cyberpresse