Avec des titres d'albums alambiqués et à rallonge (voir leur second) qui n'auraient pas déparé sur les oeuvres futures d'un Liars par exemple !
Composé de virtuoses ne se la racontant pas, et emmené par les cousins Sinclair, David à l'orgue et Richard à la basse, ces hommes là aux cheveux longs, se complaisaient dans un prog rêveur et pastoral, et ne dédaignaient pas les longues suites façon les compatriotes de Procol Harum, groupe auquel Caravan fait de toute évidence le plus penser - écouter à cet égard les 22 minutes tour à tour enchanteresses, lounge puis explosives de "Nine Feet Underground".
A cette nuance toutefois que les créateurs du divin "Winter Wine" usaient davantage d'épure, d'esprit bucolique là où leurs très estimables contemporains latinistes versaient volontiers dans l'emphase à grand renfort d'orgues baveux et d'arrangements baroques.
Point d'outrance chez nos hommes caravaniers, puisque de l'unisson des voix fragiles et étonnamment dépourvues de testostérone (pour des groupes velus de l'époque) de David Sinclair et du lead singer Pye Hastings, se dégageait une plénitude toute bucolique, alanguie et psychédélique. Nulle démonstration instrumentale bavarde telles qu'il s'en trouvait trop souvent chez Pink Floyd et les groupes atteints du syndrome art school !
Pye Hastings, véritable chanteur oublié au même titre que le magnifique Jay Ferguson de Spirit, possédait un timbre clair assez voisin de LD Beghtol - pour les connaisseurs le chanteur d'appoint le plus effacé des Magnetic Fields d'aujourd'hui.
Durant une bonne dizaine d'albums, Caravan dispensa son prog étonnamment poppy, dont les points d'orgue se situent bien évidemment dans le premier brelan de leur discographie (l'on poussera vers le très plaisant Waterloo Lily (1974), premier disque enregistré sans Richard Sinclair.
Mais c'est bien évidemment vers ce fascinant In The Land Of Grey And Pink et sa pochette village de hobbits qu'il conviendra et pour l'éternité de se repaitre, une merveille !
Convenir qu'il existait autre chose dans le prog -terminologie si galvaudée, raillée etc...et devenue trendy avec les années ! - des divines 70's, que ces horreurs sans nom qu'étaient les boursouflés onanistes et gras du bide des affreux Genesis et Yes, c'est déjà s'ouvrir de manière conséquente à la décennie dorée et élargir son horizon musical.
Une version digipack définitive, car enrichie de titres rares (chouette !) a célébré les 40 de ce disque intemporel.
En bref : l'école de Canterbury à son meilleur. Un disque d'une rare finesse d'exécution et d'écriture que l'étiquette tant éculée et encombrante de progressive ne saurait minimiser. Un fleuron du prog-rock, un classique des seventies.
Le site
"Winter Wine" :
"Golf Girl" :