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Entrelacs: quand Ai Weiwei "fuck" le système

Publié le 27 février 2012 par Alexia Guggémos @alexia_guggemos

L'opposant au régime chinois, Ai Weiwei, expose ses photographies au Jeu de Paume, jusqu'au 29 avril. Cela faisait longtemps qu'il n'y avait pas eu autant de monde à l'entrée du Jeu de Paume ! Il faut dire que l'artiste chinois, inconnu du grand public il y a encore quelques mois, est sous le feu des projecteurs. Au rez-de-chaussée, le public a ainsi l'occasion de découvrir une excellente exposition de la photographe américaine Berenice Abbott (1898-1991), avant de grimper au 1er étage découvrir celles du très attendu Ai Weiwei (né en 1957). Parallèle saisissant entre deux générations d'artistes : Avec Ai Weiwei, la photographie ne représente plus la réalité, elle est réalité.

Entrelacs: quand Ai Weiwei

Au début des années 1980, Ai Weiwei s'installe à New York, terre de liberté. Il y photographie quotidiennement le monde qui l'entoure. Et c'est à Pékin, où il revient en 1993, qu'il poursuit cette pratique, montrant les multiples aspects de la réalité urbaine et sociale de la Chine. J'avais rapporté dans un article précédent le combat d'Ai Weiwei contre les autorités de son pays, notamment pour faire établir la liste des 2 735 écoliers morts dans le tremblement de terre de Wenchuan, le 12 mai 2008. L'artiste n'a jamais cessé de s'opposer au régime. Ainsi, pour protester contre la censure officielle et les logiciels espions imposés par le régime chinois, il a réalisé une courageuse série de clichés insultant pour les caciques. "Fuck off !" lance-t-il, joignant le geste à la parole en se photographiant faisant un doigt sur la place Tian'anmen pour commémorer officieusement les 20 ans de la révolte étudiante de 1989. "Je porte un regard humain sur le monde", avait-il commenté sur son compte @aiww.

Au Jeu de Paume, c'est l'ensemble de son œuvre photographique qui est montré pour la première fois au public, jusqu'à ses images prises avec son téléphone portable et postées sur Twitter. Emprisonné, puis assigné à résidence jusqu'en juin 2012, Ai Weiwei continue en effet son combat sur le réseau de micro-blogging.

"Ma patrie, si je devais en choisir une, ce serait Internet." @aiww 29 décembre 2009.

Espérons que cette exposition donnera à chacun l'envie de découvrir l'autre aspect de l'œuvre d'Ai Weiwei, tout aussi militante que ses photos. Une de ses œuvres les plus célèbres est l'installation Sunflower Seeds, à la Tate Modern de Londres, 2011, des graines de tournesol peintes par les artisans de Jungdezhzn dont la ville connaît une crise sans précédents. J'avais découvert son travail en 2009 lors d'un séjour à Shanghaï.

Entrelacs: quand Ai Weiwei

Quatre ans après avoir collaboré au design du stade olympique de Pékin, Ai Weiwei, en qualité d'architecte cette fois-ci, devrait renouveler sa collaboration avec le cabinet Herzog & de Meuron à l'occasion de JO de Londres cet été.

Entrelacs: quand Ai Weiwei

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