Ou XV Bleus anémiques triomphent d'Ecossais bordéliques

Publié le 27 février 2012 par Spartac

Lorsqu’on est français et expatrié depuis presque un an enAngleterre, un match du Tournoi en terre écossaise et un vrai dépaysement.Enfin je devrais plutôt dire un retour au source, tellement Edimbourg avaitpris le temps d’un weekend l’accent du Sud Ouest. L’Ecosse est une terreaccueillante pour ovaliste convaincu, aussi, c’est une foulé hétéroclite desupporters français que nous avons pu croiser dans les rues de la vieilleville.
Le supporter français est à son habitude, d’une discrétiontoute relative. Loin de se convertir au flegme britannique, la délégationtricolore devient de plus en plus volubile, à proportion de la quantité dehoublon absorbée.
Décor parfait pour un match de rugby, avec des supporters,de l’ambiance et des chansons. C’est dans un bus bondé, où une colonie desupporters béarnais portant fièrement bérets et moustaches, entonnaient deschants en patois, au grand étonnement des autochtones, ne connaissant guère lessubtilités (sic) du folklore occitan. Une chance d’ailleurs, qui leur évite lesnuances des chants à la gloire du sexe féminin, et les différentes variantes durépertoire du bon festayre.
Voici donc Murrayfield, et son effervescence d’avant match.Les supporters déjà peu discrets la veille, rivalisent de tenues outrancières.On a pu apercevoir diverses tribus gauloises, une collection d’Obélixcocardiers. La mode semblait être cette année au chapeau de coq, avec demultiples dérivés, avec ou sans patte, mobile ou fixe, ergot ou crête, unvéritable poulailler ambulant. Il est toujours amusant de constater le peu dedignité de l’ovaliste en déplacement. Par contraste, les supporters écossaissont nombreux à porter le kilt, révélant pour beaucoup des jambes nourries à lapratique du rugby, à défaut d’avoir vu le soleil un jour.

Murrayfield c'est la Rollex du pauvre, à voir une fois.

Et le match dans tout ça me direz vous ? Un matchcontrasté, dont on pourra surtout retenir l’émotion de l’avant match, et lasensation unique de ce Flower of Scotland, lorsque se tait la cornemuse et queles poitrines écossaises reprennent a cappella le dernier couplet. Voir etentendre un jour cette ambiance est sans doute le graal du supporter de rugby.
A entendre cette effervescence, on en vient à se demandercomment leur équipe en vient à lutter de manière régulière pour éviter ladernière place du Tournoi. Hier ce n’était cependant pas l’Ecosse en bois quenous vîmes mais l’équipe de combat.
Dès le début du match, les écossais monopolisèrent laballe,  ne laissant aucun répit àdes français aux jambes visiblement de plomb. Les écossais multiplient lestemps de jeu, sans se défaire de nombreuses imprécisions et mauvais choix. Illeur faut 8 minute de ce traitement pour enfin voir le surnombre au large, etenvoyer Hogg aplatir. Les français sont cueillis à froid et essayent dereprendre un peu de souffle, tandis que Laidlaw converti en coin.
On s’attend à une prompte réaction française mais les Bleussemblent décidément hors du coup, pénalisés en mêlée fermée et incapables demettre la main sur le ballon.  La20e passée redonne de l’allant aux français, avec Médard quis’envole sur 50 mètres, avant d’être repris. Les français retrouvent du jeumême s’ils se mettent à la faute et voient les écossais mener de 10 points.

Fofana encore une fois efficace.

C’est le premier vrai déclic, 3 minutes plus tard, sur unepénal touche bien négociée dans les 22 du Chardon, les bleus écartent surFofana qui marque son second essai en autant de match en bleu.  La suite de la mi-temps voit lesécossais repartir au combat, sans une grande clairvoyance, ni efficacité. Lesécossais butent sur la défense française enfin réveillée et solide, et se fontprendre à la faute en mêlée fermée, offrant à Parra la pénalité del’égalisation avant le retour au vestiaire.
10 partout à la pause, et on se dit, que c’est franchementchanceux pour la France, chanceux d’affronter une équipe joueuse mais peuefficace, pleine d’envie mais maladroite, fidèle à cette image de néozélandaisdu Nord sans le génie.
Dès l’entame de la seconde période, les français partent surde meilleures intentions et multiplient les temps de jeu, essentiellement auprès, récoltant une pénalité et prenant l’avantage à la 47e. Ainsi,sans briller, la France se trouve en tête. Sauf que les écossais n’étaient pastout à fait cuits. S’appuyant sur une touche efficace, ils glanent plusieursballons dangereux, et profitant d’une récupération sur une attaque de Clerc,jouent un contre cette fois rapide et efficace, envoyant Jones à l’essai,  et relançant l’effervescence dans lestribunes.

Une libération poussive que ce match

17-13 pour l’Ecosse, et on pense craindre une de ces raresdéfaites françaises à Murrayfield, pris sur l’engagement. Pas le temps degamberger cependant, car à peine le jeu repris, les français repartent àl’attaque ou Malzieu sur l’extérieur fixe son adversaire, raffute et passeintérieur pour Médard qui accélère et va à l’essai. Heureusement cette équipe àde la réaction, C’est cependant la dernière action de Maxime Médard, qui trainela rouflaquette et la jambe et se voit remplacé par Beauxis, voyant son Tournoiterminé, sans doute aussi sa saison.
C’est cependant ce changement, conjugué au remplacement deSwarzewski par Servat plus tôt, peu convainquant dans son rôle de pizzaiolo,qui va plier le match. La mêlée française est désormais intraitable. Beauxis àl’ouverture soulage l’équipe de son pied précis et inscrit un drop à la 68eminute qui donne 6 points d’avance aux Bleus. Les écossais tenteront un dernierraout, à kilt ou double (je ne vois pas pourquoi seul Mathieu Lartot auraitl’apanage des jeux de mots en bois), mais sont rattrapés par leur éternellemaladresse.

C'est donc ça la Gaulle...

Au surplus et dans le but de tromper l’adversaire, unstriker français peinturluré, le chibre embrassé dans l’étendard tricolores’invite sur le terrain. Le défaut de métier l’empêche de traverser la pelouse,et il est rattrapé par la sécurité, offrant la dernière, et seule actiond’éclat française.
Le match se termine sur un score de 23 à 17, ou l’on a sentiles français rouillés, sans doute aidés par l’inactivité forcée de leur derniermatch annulé. Les écossais ont joué leur partition traditionnelle, pleined’envie et de jeu à la main, avec les mêmes lacunes en terme d’efficacité. Eneffet, une fois les français en jambe, les écossais eurent plus de mal. LaFrance s’en sort bien et l’équipe du goret affiche un bilan immaculé. Lecalendrier ayant heureusement gardé pour la fin les plus gros morceaux.
Certains joueurs ont surnagé, comme Malzieu solide à l’aile,spécialiste du raffut. Le néophyte Fofana prend du poids au centre, contrastantavec un Rougerie poussif. La paire de demie a vu une prestation contrastée,avec un Parra propre comme éjecteur et buteur, alors que Trinh Duc  n’a guère fait la différence,s’empalant le plus souvent sur le premier rideau. L’entrée de Beauxis a donnéde l’amplitude au jeu français, et son pied a fatigué des écossais coureurs.Quant au pack, il eut des couacs dans les premières mêlées, avant de sereprendre avec un bon coaching, et de dominer leurs opposants. La touche futtrès contrastée peu aidée par un Swarzewski imprécis et un Harinordoquy en sousrégime, et encore une fois, Dusautoir a fait du bien à l’équipe, plaquant àtour de bras, calmant l’euphorie écossaise.

Le croisement Franco Ecossais fait de bien curieux mélanges

Une victoire positive, dans une ambiance exceptionnelle surune vraie terre de rugby. Un bon match du Tournoi en somme, à défaut deproposer un match d’un niveau exceptionnel. On voit tout de même une équipebien ensemble et volontaire, ne craquant pas lorsqu’elle est dominée oudépassée au score, et qu’il faudra sans doute revoir face à un meilleurcalibre.