Derrière ce nom sibyllin se cache un quatuor londonien mixte : on trouve l’audacieux Jimmy Lee aux guitares, l’impressionnant Dayo James à la batterie, le beau gosse Adam Jaffray à la basse et la craquante chanteuse suédoise, Suzanne Aztoria. Le groupe a commencé à faire parler de lui en 2009 avec la démo Candy Girl, morceau planant et bruitiste à la fois (voir live récent ci-dessous). Malgré la hype qui les entourait, les Trailer Trash Tracys ont préféré prendre leur temps pour enregistrer et peaufiner le son du premier disque, Ester, sorti le 9 janvier sur Double Six Records.
Ester, c’est un son éthéré et tordu, une atmosphère abyssale, une ambiance religieuse et des tempos arythmiques… Les compositions sont toutes construites autour de la basse : une basse minimale, profonde et organique qui tremble et fait immédiatement penser à certains motifs de Badalamenti, compositeur américain ayant collaboré avec David Lynch pour la série Twin Peaks.
Ester, c’est aussi l’utilisation de l’ésotérique solfeggio scale, une échelle de fréquences qui permettraient de réparer ou modifier l’ADN. Selon Jimmy Lee, « il y a eu des tests scientifiques : en jouant un do sur cette solfeggio scale, des molécules d’eau trouvaient une forme beaucoup plus symétrique, mathématique. Quand on pense que notre corps est composé à 90 % d’eau… ».
A la lecture de ces quelques lignes, on pourrait penser que les TTT font de la musique scientifique, réservée à une élite composée d’avant-gardistes et de théoriciens. Et cette impression se confirmerait presque à l’écoute de l’intro Rolling – Kiss the Universe et du très difficile d’accès Starlatine. Mais ce serait omettre le rôle prépondérant joué par la voix de Suzanne Aztoria qui ajoute une dimension pop aux tendances arty de certains morceaux : elle se complait dans des mélodies lascives, douces et élastiques, et se rapproche parfois de la glossolalie tant les paroles restent mystérieuses.
Le premier effort des TTT est donc un disque Post-Punk/Shoegaze/Dreampop, sous influence Cocteau Twins, My Bloody Valentine et Broadcast, mais parvenant à éviter les clichés du genre. On se retrouve plongé dans un univers vaporeux où voix et instruments se mêlent dans un tourbillon sans fin (Dies in 55, Strangling Good Guys, Los Angered…)
Ester se rattache plus à l’art optique et cinétique qu’à un courant musical précis, comme l’illustre le clip de Engelhardt’s Arizona.
Article Réalisé Par Jim Calamel