Dosière

Publié le 27 février 2012 par Lecriducontribuable

René Dosière / Le Cri du Contribuable

René Dosière est député apparenté PS de l’Aisne. Après « L’argent caché de l’Elysée », il explore le train de vie de l’Etat dans « L’Argent de l’Etat. Un député mène l’enquête » : un dossier conséquent sur les dérives d’un système qui génère toujours plus de dépenses publiques.

Interview, 1ère partie.

Monsieur le député, vous menez vos enquêtes sur l’Elysée depuis 2002. Votre livre en fait le bilan. Qu’avez-vous obtenu de concret dans le sens des économies ?

Le budget de l’Elysée présentait une opacité totale, personne n’avait connaissance du budget du chef de l’Etat ce qui est extraordinaire compte tenu de son rôle. Il était financé d’une manière visible par une dotation que votait le Parlement, de l’ordre de 30 millions d’euros en 2007 et par tous les ministères à hauteur de 60 à 70 millions d’euros. Le fait de révéler ce mode de financement, a conduit le Président de la République, à unifier son budget. Nous ne savions pas comment était utilisé cet argent. Nous y voyons désormais plus clair.

Le Président a alors demandé à la Cour des comptes de venir faire un contrôle. Ainsi, tous les ans, la Cour analyse la régularité des dépenses de l’Elysée. Elle n’a pas à se prononcer sur l’opportunité de celles-ci puisque ça n’est pas son rôle. En revanche, elle peut relever l’absence d’appels d’offre et autre défauts. Grâce à tout cela, des économies ont été réalisé.

Si Mr Hollande était élu Président de la République, réduirait-il les dépenses de l’Elysée ? Lesquelles lui conseilleriez-vous ?

François Hollande a déjà annoncé qu’il réduirait la rémunération du Président de la République même si de mon point de vue, elle n’est pas la dépense la plus importante. En prenant cet exemple, il voulait souligner qu’il exercerait une présidence plus modeste. C’est sur l’ensemble des dépenses élyséennes qu’il faut réduire les coûts. Il s’est qualifié lui-même de président normal, à l’image des français. Il faut souligner qu’il n’a pas le même rapport à l’argent que le président actuel. Cependant il reste une clarification à faire, entre dépenses publiques et privées. A partir du moment où le président a fait voté le montant de sa rémunération par le Parlement, on doit pouvoir différencier les dépenses dues au statut de président avec les dépenses privées. Nicolas Sarkozy a pris l’habitude de rembourser une petite partie des dépenses (15 000 euros par an). Mais la frontière entre dépenses publiques et privées reste assez flou. Il conviendrait que toute dépense engagée à l’intérieur de l’appartement privé (électricité, chauffage, nourriture) soit assumé par le président.

Pouvez-vous nous donner quelques exemples de réformes de structures ?

S’agissant des collectivités locales, on a deux types de structures qui ont pratiquement les mêmes compétences et sur le même territoire : les communes et l’intercommunalité. Ce système de doublons représente une masse financière importante (130 milliards d’euros cumulés). Cette dépense évolue plus vite que la production de richesse (PIB). Si nous mutualisions d’avantage les actions de la commune et de l’intercommunalité et si nous procédions à l’élection (au suffrage universel) de cette dernière, nous pourrions, compte tenu des masses financières, réaliser une économie de l’ordre de 10 à 13 milliards d’euros à terme. Tout en maintenant la qualité des prestations.

Etes-vous pour ou contre la suppression d’un échelon de collectivité (département, région) ?

En modifiant le fonctionnement et les compétences des communes, nous avons alors une intercommunalité élue et qui englobe les communes. On crée alors une commune nouvelle, la commune du XXI ième siècle qui bénéficie de plus de  moyens. Elle pourra alors exercer un certain nombre de responsabilités propres aux Conseils généraux. A partir de là, nous arrivons à un processus qui conduit à la suppression du Conseil général dans ses formes actuelles.

Propos recueillis par Pierre Bergerault

Interview réalisée à l’Assemblée nationale le 22 février 2012.

« L’argent de l’Etat. Un député mène l’enquête » de René Dosière, éditions du Seuil- 302 pages, 19,50 € .