Le tribunal des âmes

Par Irreguliere

Aussi, Sandra n'accordait pas beaucoup de crédit aux coïncidences. Pourtant, dans la vraie vie, elle admettait que ces connexions accidentelles entre événements sont parfois utiles, du moins pour attirer son attention sur des choses qu'autrement elle n'aurait pas vues.

Celles qui ne nous touchent pas, avait-elle conclu, nous les balayons comme de "simples coïncidences". D'autres, en revanche, semblent destinées à marquer notre vie. Alors nous les rebaptisons "signes". Ces signes nous laissent penser que nous sommes les destinataires d'un message exclusif, comme si le cosmos ou une entité supérieure nous avait choisis. En d'autres termes, ils nous permettent de nous sentir uniques.

Carl Gustav Jung parlait de synchronicité en évoquant ce type de coïncidences, et il leur attribuait trois caractéristiques fondamentales. Elles n'étaient absolument pas fortuites, c'est-à-dire reliées par un lien de cause à effet. Elles avaient une résonnance émotionnelle forte. Et, enfin, elles possédaient une forte valeur symbolique.

Beaucoup l'attendaient, ce nouveau thriller de Donato Carrisi, qui sort le 1er mars. En particulier ceux qui ont aimé Le Chuchoteur. Qu'il se trouve que je n'ai pas lu, car rien que le résumé me glace le sang, et comme vous le savez, je n'aime pas trop les trucs glauques. Par contre, j'ai été séduite par le résumé de ce nouveau roman, dont j'ai su d'instinct qu'il allait me plaire.

Difficile de le résumer sans trop en révéler, d'autant que la construction narrative est complexe. Disons juste que nous allons essentiellement suivre deux personnages, qui ne se connaissent pas, du moins au début : Marcus, un étrange profileur travaillant pour une mystérieuse organisation, et qui malgré son amnésie parvient à comprendre les scènes de crime, et semble le seul à pouvoir résoudre l'énigmatique disparition d'une jeune fille ; Sandra, photographe pour la police scientifique, qui elle aussi connaît bien les scènes de crime, et qui se décide à  se rendre à Rome pour enquêter sur la mort de son mari, qu'elle croyait accidentelle, mais qui se révèle troublante.

Alors, je l'avoue, mon résumé ne rend pas du tout justice au roman. Mon seul regret est de ne pas avoir eu la patience d'attendre les vacances pour le lire, afin de pouvoir m'y plonger totalement. Car croyez moi, il s'agit là d'un thriller comme je les aime, totalement addictif. Le narrateur sait comment entretenir la frustration du lecteur et son envie de tourner les pages en distillant les informations au compte-goutte (certaines dont on se demande d'ailleurs l'utilité, mais le fait est qu'elles sont essentielles), si bien qu'on n'a qu'une envie : arriver à la fin pour pouvoir rassembler toutes les pièces du puzzle. C'est délicieusement terrifiant, mais ouf, pas glauque, pas sanguinolant, plutôt psychologique. De plus, certaines réflexions m'ont particulièrement intéressée, et j'ai, à la volée, appris des choses, notamment sur la théorie de la synchronicité de Jung (voir la citation ; cependant, au cas où ça ferait peur à certains, je les rassure : il ne s'agit pas d'un thriller ésotérique) que je ne connaissais pas et que j'ai bien envie d'étudier plus avant. On y parle aussi du deuil, et de plein d'autres choses passionnantes qu'il serait vain d'énumérer. Alors si vous voulez un conseil : jetez-vous dessus !

Le Tribunal des âmes

Donato CARRISI

 Calmann-lévy, 2012 (sortie le 1er mars)