Valérie Rouzeau publie Vrouz, aux éditions de la Table Ronde. [Le livre sera en librairie le 1er mars]
Jour lourd je sens dans la flûte de vertèbres
Glisser un bruit de grains de sable par la nuque
Où a volé l’oiseau plus léger que ses miettes
Pelure d’oignon papier la vie s’écoule
À la paume de la main d’entre les doigts
Dans la cuisine dans le cahier
Un stylo un couteau saisi on fuit on suinte
Comme dans un roseau le vent chuinte
Mon pauvre gros pigeon gavé multiplié
Les arbres les cathédrales vont s’effondrer
Colonnes anéanties sous voûte céleste à mal
Et le dos en compote capilotade meurtri
Pluchures pluches épluchures le ver est dans le fruit
j’ai chuté dans les pommes.
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Oisillures aux becs ouverts prêts
À recevoir le ciel l’été l’éternité
La folie du monde la fureur du temps
Ils ont déjà gobé le jaune d’œuf du soleil
L’énormité de l’autoroute aux engins lourds
Le grondement des exceptionnels convois
Ne leur font pas peur ils sont bien ivres
Et le chat écrasé depuis longtemps
Les yeux fermés la lumière passe par eux
Roses et nus avec un cœur bleu ou noir
Qu’on voit à travers battre se battre
Tout-puissant petit pois une fois
À la cime mouvante bruissante cassante
D’un arbre à l’écorce écorchée très écrite.
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Je n’écris pas jour d’hui
Vis dans l’éphéméride
Juste ça laisser le temps
Me passer à travers
Days are where we live
Dit le poète les jours
Sont là où nous vivons
Nous éternisons patientons
Le temps vole et fait mes rides
Il se répète autant que moi
Je rigole et montre patte d’oie
Dérape aïe c’était du verglas
Ce jeudi désespérément
Là yes mon cher Philip Larkin. 153
Valérie Rouzeau, Vrouz, La Table Ronde, 176 pages, 2012, pages 103, 134 et 153, 16€
note en fin de volume à propos du poème de la page 134 : « L’été l’éternité est le titre du premier recueil de poèmes publié par l’extraordinaire Jean-Paul Klée chez Guy Chambelland (Paris, 1970) »
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