Avec ses 1600 exposants, Vinisud est une belle occasion de découvrir en un seul lieu des vins et des vignerons très différents les uns des autres. Par contre, contrairement aux Salons des Vignerons Indépendants – où d'une part tous les stands sont identiques et d'autre part les régions joyeusement mélangées – il n'y a ici pas d'égalité de traitement : certains producteurs se partagent ici un stand d'un mètre de large, d'autres ont pour eux tout seul des stands dépassant les 100 m², avec un luxe inimaginable qui devrait poser question à leurs acheteurs (pour se le payer, ils doivent se faire de sacrées marges sur leur dos).
En tant que cavistes, nous n'avons pas fréquenté ce genre de stands, étant plutôt à la recherche de la petite perle rare pas trop chère. Mon boss avait planifié un programme très précis alternant les vignerons qui fournissent déjà notre cave (histoire de découvrir leurs derniers millésimes et d'entretenir le contact) et des découvertes dénichées par recoupement d'informations diverses (guides, internet, salons précédents...)
Dans le cas du château des Estanilles, c'est le premier cas. Nous travaillons avec ce domaine depuis plusieurs années. Si ce n'est qu'il a été racheté en 2009 par Julien Seydoux, et que le style a profondément changé. Les blancs ne voient plus le bois, les rosés se sont allégés, et les rouges ont gagné en finesse et précision. Sur le premier millésime, Julien Seydoux n'avait produit qu'une seule cuvée de rouge. En 2010, il y en a pas moins de quatre, avec chacune leur personnalité (L'impertinent, Inverso, Le clos du fou et Raison d'être). J'avoue avoir un faible pour Le Clos du fou, une superbe expression de la Syrah poussant sur les schistes de Faugères. Mais honnêtement, le reste est d'un très bon niveau.
Au chapitre "découvertes", nous avons déniché en faisant une dégustation syndicale de la très récente appellation Grignan les Adhémar (en remplacement des Coteaux du Tricastin) la cuvée Vieilles vignes du domaine Bonetto-Fabrol. Il se trouve que le producteur était dans les parages. Il a pu nous faire déguster le reste de sa gamme. Eh bien, tout est vraiment tip top. Y a pas, Philippe Fabrol a vraiment la "main rouge" (cherchez pas, je viens de l'inventer : c'est l'équivalent de la "main verte" pour le vin).
A quelques stands de là, nous avons aussi beaucoup aimé les Crozes Hermitage de la cave Fayolle Fils & Fille. Mais aussi toute la gamme du château de Saint-Cosme (Gigondas ... mais pas que. Une Côte Rôtie magnifique, entre autres).
Une autre personne qui a la "main rouge", c'est Vincent Feuillade du domaine Mirabel. Avec son frère Samuel, ils élaborent en Pic-Saint-Loup des vins d'une délicatesse rare. Si leur grande cuvée Les Eclats dégage une plus grande puissance, sa texture veloutée n'en est pas moins superbe. J'adore !
Autre découverte épatante : les vins de la Réserve d'O, concoctée par Marie Chauffray (une Vinifille). Que ce soit son rouge SANSSOO (comprendre "sans SO2" ) sa Réserve d'O ou son Hissez O, tout est d'une finesse incroyable, avec une expression de fruit PUR, mais aussi florale. Après les avoir dégustés le dimanche soir, nous les avons regoûtés le lundi soir, la même impression perdure : ces vins dégagent vraiment une émotion rare !
Côté Roussillon, j'ai beaucoup aimé les vins produits par Dimitri Glipa du Mas Mudigliza. Si ses Côtes du Roussillon n'ont pas le sucre de son Maury, leur texture est toute aussi veloutée. Une vraie caresse pour le palais.
Quelques mètres plus loin, les Banyuls de Coume del Mas m'ont également impressionné par leur qualité (ainsi qu'un superbe Banyuls Blanc du Mas Christine ).
Autant dire que j'ai beaucoup aimé ces deux jours à Vinisud, même si c'est trèèèèèès frustrant de passer à toute vitesse devant des stands où l'on aimerait bien s'arrêter...
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