« La télévision : présence matérielle. Même muette, elle ne se fait pas oublier. L’appareil est là, énorme, insolite, fait d’une matière indéfinissable au milieu des honnêtes meubles d’acajou et de palissandre. » François Mauriac Le Nouveau Bloc-notes 1958-1960
Mercredi j’hésite entre deux programmes, zappant de l’un à l’autre. Sur TF1 le football avec la Ligue des Champions et Marseille/Inter de Milan, sur France3 le magazine Histoire immédiate. Sur la Une, on annonçait avant le match des Italiens mal en point dont les Marseillais viendraient à bout relativement facilement, il n‘en fut rien. Les Intéristes fermèrent les volets et les portes sans s’interdire des raids dangereux chez les Marseillais, le score restait désespérément vierge quand durant les dernières secondes des arrêts de jeu, Marseille planta le but assassin qui les place en position favorable avant le match retour. Favorable ne voulant pas dire qualificative, sauf dans l’extravagance du parler local ! Sur la Trois, le magazine traitait de la maladie et du pouvoir. Rien de vraiment neuf, mais il n’est pas inutile de rappeler que des hommes n’ayant plus toutes leurs facultés ont gouverné notre pays, il n’y a pas longtemps encore. Le pouvoir est une drogue dont on ne se défait pas.
Jeudi sur ARTE pour Borgen la série danoise sur le monde de la politique. Chaque épisode confronte la première dame du royaume nouvellement élue, à plusieurs problèmes simultanés tant politiques qu’au sein de sa vie familiale. Et elle assure ! Ce soir nous avons eu, les rapports entre hommes et femmes et les quotas au sein des conseils d’administration, l’ingérence des grosses boîtes du privé dans la gestion de l’Etat, le rôle des journalistes de télévision et de la presse people, une ministre au passé trouble et falsifié etc. etc. Mais la série est plus roublarde, car le téléspectateur n’est pas que voyeur, il se prend d’empathie pour des personnages qui s’opposent, ce qui le place dans une situation inconfortable et le rapproche de la première dame qui doit constamment arbitrer entre ce que son cœur lui propose et ce que le pragmatisme politique lui impose. Magistral.A la même heure sur France5, Les carnets de route de François Busnel nous conduisaient aux USA, l’Amérique des Grands Espaces, Montana ou Wyoming, sur les traces d’écrivains comme Craig Johnson et James Lee Burke spécialisés dans le polar, alors que Dan O’Brien et Jim Harrison sont les maîtres du Nature Writing, ces romans panthéistes dont je vous entretiens souvent ici. Grâce au magnétoscope, je n’ai rien raté de ce bon moment de télévision qui mêlait littérature, voyage, nature et Etats-Unis, mes grandes amours en quelque sorte.
Samedi après-midi sur France2 avec le Tournoi des VI Nations. En apéro Irlande/Italie assez décevant surtout de la part des transalpins, trop de pénalités ratées et trop de manque de réalisme lors de leurs rares temps forts. Pour les Italiens l’adversaire était trop fort, un Vert ça va mais quinze Verts, bonjour les dégâts ; résultat 42-10 et cinq essais dans la musette, une bonne cuite ! Le second match se présentait comme plus attractif avec une bien belle affiche, Angleterre/Pays de Galles. Un compte-rendu en quelques lignes sera bien sûr incomplet car le match fût en dents de scie, une première mi-temps où les deux équipes se neutralisent par leurs propres faiblesses étalées au grand jour, avec des Gallois qui gâchent des munitions, jouant trop lentement leurs sorties de ballons pour déstabiliser l’Anglais. Quant à la seconde période, elle s’achèvera sur un final étourdissant durant les cinq dernières minutes ; après que les Gallois aient marqué un essai qu’on attendait plus et qui semble leur donner la victoire à la 75e minute, les Anglais se ruent comme des possédés dans le camp adverse allant jusqu’à s’écrouler balle en main derrière la ligne de but des Rouges à l’ultime seconde du match, mais l’essai sera refusé à juste titre car non aplati comme le prévoit le réglement. Finalement les Gallois l’emportent 19-12 au terme d’une partie où ils auront pourtant mal joué, ayant laissé l’intelligence au vestiaire, face à des Anglais meilleurs qu’eux. La fameuse incertitude du sport pour ce match des paradoxes.
Dimanche après-midi suite du Tournoi sur France2 avec Ecosse/France. Un match assez fou, très mauvaise entame de nos Bleus menés 10-0 après vingt minutes, puis lentement mais sûrement les Français reprennent leurs esprits et rentrent aux vestiaires à égalité avec les Ecossais (10-10). La seconde période est complètement dingue, les deux équipes se dépensent en fautes de mains et jeu décousu, à un essai écossais répond un essai français mais nos gars pèsent d’avantage sur le match qui se termine sur le score final à notre avantage de 23-17. Whaou !
Epuisé, je clos cette journée sur France3 avec le brave Inspecteur Barnaby. Comme toujours ? Yes, sir !
A quoi reconnaît-on une bonne semaine de télé ? D’abord à la qualité de ses programmes, bien entendu, mais surtout au fait qu’on ne l’a pas regardée tous les jours !