Visant un retour à un cinéma plus libre, dénué d’artifice et dopé à la sincérité, Patrice Leconte signe avec Voir la mer une œuvre attachante, pleine de défauts touchants et qui fonctionne surtout grâce à ses interprètes. De ce trio d’amoureux naïfs, lancé à toute allure sur les autoroutes de France, le cinéaste tire une parenthèse solaire, un road trip frenchie (et c’est un compliment) tout aussi lumineux que généreux. La mer. Méditerranée : une première fois pour Prudence (Pauline Lefevre, ex miss météo de Canal), jeune fille mystérieuse et fantasque. Maternelle : une dernière fois pour ces deux frères (Clément Sibony et Nicolas Giraud), unis par un même amour pour la fille. Tous, au cours de ce fou voyage en camping-car, vont apprendre à se délivrer de leurs chaînes et de leur passé.
Au fond, il n’y a rien : pas de scénario, pas de mise en scène programmée, pas de visée autre que le plaisir immédiat, un appétit de vivre contagieux, qui, s’il surprend au départ, laisse derrière lui un nuage (durable) d’optimisme. "Inattendu", comme ils disent. Et donc, forcément réjouissant. Au final, Voir la mer est un joli film, léger mais pas bête, brouillon mais abouti. Les trois interprètes, dont la complicité d’acteurs est belle à voir, jouent avec une justesse étonnante, crédibles à chaque instant même lorsque le film dérape sur des pentes trop candides ou lorsque le scénario lâche quelques dialogues sur-écrits. Le long-métrage de Leconte est imparfait, certes, mais ce sont ses fêlures qui le rendent beau. Et on le préfère largement ici, nageant dans des eaux cinématographiques plus libres, que sur les chemins balisés des Bronzés 3, pour ne citer que lui.
Dispo en DVD.