Etait-ce dû au nombre des ruines, à la platitude du territoire, à la force du vent ou aux effets de similitude entre les couleurs de la lande, de l’océan et du ciel, mais j’ai éprouvé cette année passée dans le Caithness le sentiment exacerbé et véritablement romantique de la fuite du temps.
Je n’avais que 23 ans et je voyais au-dessus de ma tête passer à toute allure les nuages blancs tourmentés par les vents violents de cette région du nord de l’Ecosse, proche des iles Orcades et Shetland. Pédalant seul et avec rage sur un vieux biclou prêté par un vieil Highlander, je comprenais que ce stock d’Aventure brute allait s’épuisant.
Peau de chagrin celtique, pull shetland détricoté au fil d’expériences inattendues que j’avais le temps de provoquer... Et paradoxalement, cette année-là j’ai eu du temps pour moi. Du temps, une cuve de temps à moi, seul, face à mes fantasmes. Loin des soucis de travail, de cours à préparer, de copies à corriger, je pouvais simplement m’abandonner au plaisir de la Découverte...