Lors d'un commentaire de l'article sur "Un emblème de compagnon boulanger à Rouziers (37)", nous avions présenté un autre blason de boulanger, composé d'un rouable et d'une pelle croisés, figurant sur la façade d'une habitation de Manthelan (Indre-et-Loire). La photo jointe était ancienne.
Or, nous avons reçu récemment de Benoît RIOU une photo plus récente de ce blason et nous l'en remercions vivement.
© Photographie Benoît Riou, D.R.
Il apparaît que la façade de cette belle maison a été restaurée depuis les années 1980, époque où nous l'avions photographiée, et il est agréable de constater que les travaux ont bien respecté la sculpture, ce qui n'est pas toujours le cas.
Le rouable et la pelle en sautoir, dans un cartouche, sont immenses et ne passent pas inaperçus : à l'évidence, le boulanger était fier de son métier pour l'exprimer ainsi ! Les outils sont surmontés de la date vraisemblable de la construction : 1894. Quant aux deux lettres qui flanquent les outils noués d'un ruban, ce sont les initiales des patronymes du boulanger et de son épouse. En effet, l'état de recensement de 1891 mentionne un dénommé MAINGAULT Eugène, 37 ans, boulanger, et LIMOUZIN Marie, 35 ans, son épouse. A leur domicile vivaient Eugène AUGER, leur apprenti (et beau-frère) et leur petite fille Yvonne, âgée de deux ans.
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Dans le bourg, il y avait aussi un autre boulanger, Théodore BONVALET, 32 ans, époux de Clémentine BIENVAULT, qu'il est exclu de considérer comme les anciens habitants de la demeure, leurs initiales ne correspondant pas aux lettres M et L.On signalera qu'une maison voisine comporte aussi un grand cartouche en tuffeau avec les initiales B et L, et la date 1892. Cette marque ostentatoire de propriété a dû inspirer notre boulanger lorsqu'il a fait bâtir sa maison !
Ce boulanger était un compagnon du Devoir. En effet, notre ami Picard la Fidélité nous a signalé qu'un nommé Maingot ou Maingout (l'écriture n'est pas très lisible et l'orthographe incertaine) avait été reçu compagnon à Rochefort, à la Saint-Honoré 1873. Il était né en 1854 à Couhé (Vienne). Il avait donc 37 ans en 1891, ce qui correspond bien aux informations de l'état de recensement de Manthelan. C'était le fils d'un "garçon boulanger" de la commune et il était né le 6 février 1854.
Eugène Maingault et son épouse ont eu trois enfants (Yvonne, en 1889, Lucien Eugène, en 1892, et Robert Eugène Marie, en 1894). Mais l'on sait que beaucoup de boulangers décédaient dans la fleur de l'âge à cette époque : deux ans après la construction de sa demeure, deux ans après la naissance de son troisième enfant, Eugène Maingault mourut le 30 octobre 1896. Il n'avait que 42 ans...
© Photographie Benoît Riou, D.R.
L'homme pense parce qu'il a une main. Anaxagore (500-428 av. J.-C.)