Comment attribuer les Césars sans créer (trop) d’injustice face à autant de bons films en compétition ? Voici le dilemme auquel ont été confronté les 4200 votants de l’Académie. A l’arrivée, autant d’évidences que de frustrations.
Avec 6 trophées The Artist est le grand gagnant de la soirée : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure actrice, meilleur musique, meilleur photo, meilleurs décors. La surprise est venu du césar du meilleur acteur, décerné à Omar Sy pour Intouchable. Alors que Jean Dujardin croule sous les récompenses internationales, il est tout de même surprenant de voir le César lui passer sous le nez dans son propre pays. L’Académie a-t-elle estimée que Dujardin n’avait plus besoin de çà ? Mais dans ce cas pourquoi avoir descerné les César du meilleur réalisateur ET du meilleur film à The Artist ? L’un des deux prix n’aurait-il pu aller à Polisse ? Est-ce parce que Bérénice Béjo est un peu dans l’ombre de Dujardin depuis des semaines que les votants l’ont mise à l’honneur, la préférant à Karine Viard où Marina Foïs ? Beaucoup de questions pour un palmarès dont la cohérence m’échappe un peu.
Avec 2 César mineures (meilleur espoir féminin, meilleur montage) remportés pour 13 nominations, la déception est de mise pour le film de Maïwenn. Frustration également pour La guerre est déclarée et Pater, qui repartent bredouilles.
Michel Blanc aura du attendre sa 8e nomination pour enfin décrocher un César, pour son second rôle dans L’exercice de l’état. Après 40 ans de carrière, quelle honte que ce moment d’émotion ait été gâché par l’inélégance (pour rester poli) de Mathilde Seigner, toujours aussi « vive » d’esprit. Le film de Pierre Schoeller remporte également le César du meilleur scénario qui, à défaut d’aller à The Artist, aurait au moins pu aller à Pater.
L’appolonide et le documentaire Tous au Larzac repartent avec un César chacun, ce qui fait un de trop pour L’appolonide.Drive est décidément maudit, oublié de cérémonie en cérémonie. Melancholia et Le gamin au vélo font chou blanc, tout comme Le Havre, La conquête, La source des femmes, Les neiges du Kilimandjaro, et Les bien-aimés.
Angèle et Tony, le très beau film d’Alix Delaporte dont je vous avez parlé en septembre 2010 (et oui, déjà) sur Deauville en Live !, permet à Clotilde Hesme et Grégory Gadebois de reporter les César des meilleurs espoirs féminin et masculin. Vous m’en voyez ravi.
C’est maintenant vers Los Angeles que tous les regards se tournent, où la Cérémonie des Oscars débutera cette nuit à 2h30 heure française. La formidable ascension de The Artist ira-t-elle jusqu’à l’Oscar du meilleur film, ce qui serait une première dans l’histoire du Cinéma français ? Allez, on y croit !!!
Olivier
Le palmarès complet :
Meilleur film : The Artist de Michel Hazanavicius
Meilleur acteur : Omar Sy dans Intouchables
Meilleure actrice : Bérénice Bejo dans The Artist
Meilleur réalisateur : Michel Hazanavicius pour The Artist
Meilleur acteur dans un second rôle : Michel Blanc dans L'exercice de l'Etat
Meilleure actrice dans un second rôle : Carmen Maura dans Les femmes du sixième étage
Meilleur espoir féminin : Clotilde Hesme dans Angèle et Tony et Naidra Ayadi dans Polisse
Meilleur espoir masculin : Grégory Gadebois dans Angèle et Tony
Meilleur montage : Polisse de Maïwenn
Meilleur scénario original : L'exercice de l'Etat de Pierre Schoeller
Meilleure adaptation : Carnage de Roman Polanski
Meilleur film d'animation : Le chat du rabbin de Joann Sfar
Meilleur film étranger : Une séparation d'Asghar Farhadi
Meilleur premier film : Le cochon de Gaza de Sylvain Estibal
Meilleur documentaire : Tous au Larzac de Christian Rouaud
Meilleur photographie : The Artist de Michel Hazanavicius
Meilleur son : L'exercice de l'Etat de Pierre Schoeller
Meilleure musique : The Artist de Michel Hazanavicius
Meilleurs costumes : L’apollonide de Bertrand Bonello
Meilleurs décors : The Artist de Michel Hazanavicius
Meilleur court-métrage : L'Accordeur d'Olivier Treinery