1955, Marilyn s’installe à New York. Durant une semaine, le photographe Ed Feingersh est le témoin privilégié de sa nouvelle vie. L’histoire de cette rencontre est aujourd’hui racontée dans un livre.
Au mois de janvier 1955, Marilyn Monroe s’enfuit comme une voleuse de Los Angeles pour s’installer à Manhattan. Elle est bien décidée à rompre avec le studio de la Fox et à casser son image de blonde écervelée. Elle entend trouver crédibilité et indépendance comme actrice et en créant sa propre société de production.
Du 24 au 30 mars, elle accepte que le talentueux photographe pigiste Ed Feingersh la suive pour le compte du magazine Redbook. L’idée est de montrer Marilyn comme le public ne l’a jamais vu.
La Californienne va se prêter de bonne grâce à l’exercice et donner à voir une star différente, moins superficielle et plus complexe que dans ses films. L’image d’une jeune femme qui travaille avec application, lit la presse, va aux cours de l’Actors Studio ou prend le métro comme une simple New-Yorkaise.
Cette série de photographies va contribuer à entériner le mythe d’une Norma Jean authentique et fragile dont la subtilité est occultée par Marilyn, la créature sexy façonnée de toutes pièces à Hollywood.
Deux facettes paradoxales et pourtant peut-être tout aussi vraies de sa personnalité.
Le critique de cinéma Adrien Gombeaud a enquêté sur la rencontre d’Ed Feingersh et de Marilyn pour livrer un portrait croisé judicieux de cet inconnu et de cette star.
Contrairement à cette actrice si populaire, ce photographe de génie est tombé aujourd’hui dans l’oubli. Ne reste de son travail que les pellicules de cette fameuse semaine de printemps à Manhattan….
C’était un petit juif de Brooklyn, né en 1924, deux ans avant la belle. Il avait fait la fin de la guerre en Europe, ce qui lui avait valu d’être de ces soldats que montre Sam Fuller dans The Big Red One, qui ont « libéré » les camps de concentration.
Et y ont découvert l’étendue de l’abjection nazie. Autant dire, comme le fait d’ailleurs Gombeaud, que cette expérience a profondément marqué Feingersh. Et bouleversé sa vie…
Après la guerre, il se met à la photo et va rapidement devenir un reporter de guerre connu et reconnu. Il n’a pas d’idée ni de goût particulier pour l’actrice. Il accepte ce job comme un autre et leur relation sera pudique, complice, momentanée et pourtant inspirée. Cela a donné en effet quelques dizaines de clichés magnifiques, d’une « Marilyn telle que vous ne l’avez jamais vue » proclamera la publicité de Redbook. Sous entendu la vraie Marilyn, c’est celle-ci.
Une Blonde à Manhattan, Ed . Le Serpent à plumes, 19 euros.
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