Bloc-Notes, 27 février / Les Saules
Je me suis toujours interdit d'aborder les sujets politiques, particulièrement en période d'élection présidentielle française. Je n'en connais que trop les dérives nauséabondes, rencontrées même sur les sites des médias tricolores en 2007 - donc bien avant la naissance de La scie rêveuse et de mon compte Facebook - ouvrant les vannes, sous le couvert de l'anonymat, aux insultes, aux clichés, aux menaces, aux règlements de comptes et attaques de bas étage, expressions d'une moralité de caniveau très peu à la gloire des vertus démocratiques défendues par les réseaux sociaux: une volonté de comprendre, de dialoguer, d'oser une opinion qui, à défaut d'être approuvée, aurait pu pour le moins susciter un débat. Rien de tout cela. Seule la presse helvétique, pourtant traditionnellement à gauche - 24 Heures, La Tribune de Genève et Le Temps - m'a permis de témoigner, parfois, de mon désaccord quant aux analyses des journalistes de la campagne, version français de l'étranger ou suisses tout simplement intéressés par une nouvelle conception de la politique qui, tout à coup, nous interpellait, nous aussi, dans notre culture démocratique.
A cette époque, j'étais - sans le savoir encore - du côté du vainqueur. Serai-je aujourd'hui dans le camp du vaincu? Comme je l'ai dit plus haut, je m'étais juré de ne pas revenir sur ce sujet, si la mise en scène détestable de l'actualité présidentielle, aujourd'hui, ne m'avait obligé à sortir du bois. Le détonateur: un rapport de l'Institut Thomas More sur les réformes entreprises par Nicolas Sarkozy , à quelques mois de la fin de son mandat, cité par Eric Brunet, dont il sera question un peu plus loin. La synthèse de cette étude régulièrement mise à jour vaut la peine d'être lue, en 31 pages accessibles sur Internet et dont le lien figure à la fin de cet article.
Singulier contraste avec le fiasco du quiquennat, dénoncé récemment par François Hollande à Rouen. On apprend en effet, que sur 1'319 annonces de réformes lors de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 et au cours de sa présidence, 1'246 ont été traitées et 931 ont été réalisées. Seules, 73 ont été abandonnées ou reportées, malgré le cataclysme financier de 2008 et la crise européenne de 2011. Très exactement, 70.55% des promesses ont été tenues. Menteur, Nicolas Sarkozy?
Que n'a-t-on dit ou écrit au fil de ces cinq dernières années sur lui, avec un acharnement et une violence jamais vue avant sa présidence! Eric Brunet en dresse un catalogue exhaustif qui justifie à lui seul que je choisisse de remettre l'église au milieu du village: Le voyou de la République - comme le surnomme l'hebdomadaire Marianne - a toujours su que la France, fille jouisseuse et dépensière, s'est offert les 35 heures, quand elle aurait dû améliorer sa compétivité, redéfinir le rôle de l'Etat, prioriser le secteur industriel, réformer la protection sociale, repenser la politique de formation... En conscience, Mitterand et Chirac ont laissé le sale boulot au Président suivant, Nicolas Sarkozy, qui a réformé deux fois plus que ses prédécesseurs ne l'ont fait en vingt-six ans!
Bien sûr que des erreurs ont été commises au cours de ce quiquennat, telles le bouclier fiscal ou la nuit de fête au Fouquet's, moins grave tout de même que l'affaire du Rainbow Warrior sous l'ère Mitterand dont les français semblent avoir occulté le souvenir, et pas plus onéreuse que celle de François Hollande à la Maison de l'Amérique latine, après sa victoire aux primaires socialistes... J'ajoute enfin, à l'actif de Nicolas Sarkozy, son rôle dans la libération d'Ingrid Bettencourt et dans la crise lybienne où la France fut la première à choisir son camp. Les politiques, les militants et les sympathisants du Tout sauf Sarkozy seraient-ils frappés par une soudaine et brutale amnésie?
Si vous n'êtes pas inféodés par les partis politiques, la presse et l'édition antisarkozystes à 80% - muselée par le Chef de l'Etat, paraît-il? - lisez le témoignage de Eric Brunet, Pourquoi Sarko va gagner, afin d'en revenir aux faits et de nuancer - c'est la moindre des choses - ces médias et parasites du système qui, il y a cinq ans, ont voulu un roi, afin de lui couper la tête chaque jour, quoiqu'il fasse.
En 2005, il avait lancé, lors d'un débat sur RTL à François Hollande: Je me demande si le conservateur, ce n'est pas vous. Il ajoute aujourd'hui: Je ne gagnerai pas parce que je suis aimé, mais parce que je suis crédible.
Les paris sont ouverts, mais une chose est sûre, quel que soit le verdict des urnes: après Nicolas Sarkozy, la mission du Président de la République ne sera jamais plus la même...
Eric Brunet, Pourquoi Sarko va gagner (Albin Michel, 2012)
La baromètre des réformes de Nicolas Sarkozy: http://www.barometre-sarkozy.com/index.php?pages/2-ans-apres