«C’est comme ça! A Paris, même s’il n’y a plus rien à voir, il y a encore tout à imaginer! Il n’est pas un pas de porte où il ne se soit passé quelque chose.»Ainsi en est-il du Quartier latin qui commence avec la difficile construction du pont Neuf, commencé en 1578, sous Henri III, qui posa la première pierre sous une pluie battante mais par la suite, des difficultés techniques, les guerres de religion et l’assassinat du roi interrompirent les travaux pendant onze ans. Montaigne se désolait de la situation et ce fut Henri IV qui prenant la décision de ne pas couvrir le pont de maisons et de créer une taxe prélevée sur le vin entrant dans Paris, puisera dans sa cassette personnelle pour terminer l’ouvrage. Il aménagea aussi la place Dauphine et perça la rue du même nom en 1607, signant ainsi le premier projet d’urbanisme dans la capitale.
On érigea alors une première statue d’Henri IV à cheval qui fut détruite le 12 août 1792 par des sans-culottes.
«La sculpture actuelle fut posée par Louis XVIII, à la Restauration. Son socle est une véritable caverne d’Ali Baba monarchique; on y trouve en vrac: La Henriade de Voltaire, la charte de 1814, une vie d’Henry IV, divers traités de paix… »En 2004, cependant, lors de la restauration de la statue, on eut la surprise de découvrir ce qu’un ouvrier fondeur bonapartiste avait glissé à l’intérieur pour se venger de l’utilisation faite du bronze de la statue de Napoléon qui surplombait la colonne Vendôme. Il glissa dans la panse du cheval des libelles antiroyalistes et une statuette de l’empereur la transformant en «une vraie poupée russe, tabernacle oublié des luttes politiques d’un autre temps.» Je prends beaucoup de plaisir à lire ce livre, lentement et à plusieurs reprises, pour mieux le savourer. Surtout ne pas le lire trop vite, ce qui rendrait indigeste une lecture légère et bienveillante qui comble ma curiosité. Les secrets de Paris de Clémentine Portier-Kaltenbach (La librairie Vuibert, janvier 2012, 288 p.) (Photos de Zoran Stajic et tableau de Renoir)