Magazine Cinéma

Glasgow Frightfest 2012

Par Geouf

Les 24 et 25 février 2012, la cité de Glasgow recevait les amateurs écossais de film de genre pour la huitième édition de la Frightfest locale, déclinaison du célèbre événement londonien. Et cette année, les organisateurs avaient vu les choses en grand, puisque ce ne sont pas moins de onze films (contre huit l’an dernier) qui ont été projetés aux festivaliers. Des films de tous les horizons (Etats-Unis, Argentine, Italie, Australie, Indonésie) et de genres aussi variés que l’horreur pure, le documentaire, la comédie horrifique, le film noir, le post-apo, le film d’action. Bref de quoi contenter une foule motivée et avide de sensations fortes.

Glasgow Frightfest 2012

War of the Dead

Le festival s’est ouvert sur la projection du documentaire Corman’s World : Exploits of a Hollywood Rebel d’Alex Stapleton, présenté à Gerardmer il y a quelques semaines. Un solide documentaire, informatif et dynamique, rempli à ras-bord d’interviews et d’anecdotes en tout genre sur celui qui est longtemps resté le roi incontesté de la série B. La série B était d’ailleurs présente cette année au travers de plusieurs films. War of the Dead de Marko Mäkilaakso, une coproduction américano-italiano-lituanienne (si si !), tente de mêler film de zombies et nazisploitation mais se vautre dans la nanardise absolue avec son scénario incompréhensible (au bout d’un moment on ne comprend plus qui se bat contre qui), ses punchlines qui tombent à plat, et ses scenes de combat illisibles. Rites of Spring, premier film du réalisateur américain Padraig Reynolds, marche lui sur les traces de Jeepers Creepers (pour sa créature revenant périodiquement) et Une Nuit en Enfer (pour son côté thriller basculant tout à coup dans l’horreur). Un film clairement sous influence, mais suffisamment dynamique et léché pour donner envie de découvrir les deux suites d’ores et déjà prévues. Le réalisateur, venu présenter son film, a longuement parlé des difficultés de financement rencontrées lors de la préparation de celui-ci, qui devait à l’origine être tourné en 2002, en même temps que sa première suite.

Glasgow Frightfest 2012

Crawl

Autre premier film présenté cette année, Crawl de l’australien Paul China (qui s’est lui aussi déplacé pour l’occasion avec son frère Benjamin, producteur du film), est un film noir sous influence des frères Cohen et d’Alfred Hitchcock. Malgré un rythme parfois un peu trop lent et un scénario n’évitant pas quelques facilités, le film séduit par son atmosphère à la fois tragique et comique, ses partis-pris audacieux (sa magnifique photographie aux couleurs très vives, son nombre limité de dialogues), et surtout son excellent casting (en particulier George Shevtsov et Georgina Haig, le premier en tueur à gages implacable persécutant la seconde).

Glasgow Frightfest 2012

Evidence

Effet de mode oblige, l’horripilant genre du found foutage était lui aussi présent cette année, au travers de deux films. Tout d’abord Tape 407 : The Mesa Reserve Incident de Dale Fabrigar et Everette Wallin, qui reprend les prémisses de la série Lost (un avion de ligne s’écrase dans un lieu inconnu, et les survivants sont attaqués par de mystérieuses créatures) et devient très vite extrêmement énervant. Le film réussit à condenser à peu près tout ce qu’il faut éviter dans le genre, avec ses personnages hystériques et insupportables (mention spéciale à la gamine qui tient la camera, à baffer du début à la fin), un scénario d’une débilité hallucinante, et un twist final grillé au bout de dix minutes. A éviter à tout prix. Evidence, d’Howie Askins, est quant à lui beaucoup plus fréquentable, malgré un début entièrement repompé sur Le Projet Blair Witch (un groupe d’ami parti camper est bientôt terrifié par des bruits étranges dans la nuit et des inscriptions sur les arbres). Mais le film tire son épingle du jeu grâce à ses personnages attachants, sa bonne gestion de la caméra (les personnages sont obligés de l’utiliser pour s’éclairer, et l’image se dégrade à mesure que la situation empire) et surtout son dernier acte démentiel et apocalyptique lorgnant du côté du jeu vidéo (FPS et Resident Evil en tête). Une bonne surprise, et un excellent tour de train fantôme, à défaut d’un film vraiment effrayant. Par chance, l’unanimement conspué The Devil Inside a été déprogrammé et remplacé par le très attendu Cassadaga, second film d’Anthony DiBlasi, réalisateur de l’excellent Terreur. Malheureusement, le réalisateur ne réussit pas à transformer l’essai avec ce thriller poussif et longuet, voyant une jeune femme tenter d’arrêter un serial killer pour apaiser un esprit revanchard qui lui pourrit la vie. Cassadaga est clairement la déception de cette édition 2012, même si DiBlasi renoue avec le côté glauque et malsain de son premier opus lors des scènes impliquant le fameux tueur (surnommé Gepetto, celui-ci démembre ses victimes vivantes avant de les rapiécer pour créer de monstrueuses marionnettes).

Glasgow Frightfest 2012

Cassadaga

Si Cassadaga n’a pas réussi à tenir ses promesses, la surprise du festival est sans doute le post-apo The Day, mis en scène par Douglas Aarniokoski, réalisateur de l’affreux Highlander Endgame. Avec un tel palmarès à son actif, il était clair que le nouveau film d’Aarniokoski n’était pas très attendu. The Day, avec son atmosphère proche de celle de La Route, brasse de nombreux thèmes passionnants (la rédemption, les limites acceptables de la survie), repose principalement sur un excellent casting  de jeunes acteurs confirmés (Dominic Monaghan, Shawn Ashmore, Shannyn Sossamon, Ashley Bell), une bonne mise en place de son intrigue (un groupe de survivants tente de résister face à une armée de cannibales) et un affrontement final sauvage.

Glasgow Frightfest 2012

L'Arrivo di Wang

Venu de latitudes plus ensoleillées, l’argentin Penumbra joue lui la carte du thriller millénariste mêlé de satire sociale en mettant une jeune femme arriviste (géniale Cristina Brondo) aux prises avec une étrange secte voulant absolument lui louer son appartement au moment d’une éclipse solaire. Plutôt plaisant et amusant, bien que tournant un peu en rond au bout d’un moment, le film des frères Bogliano lorgne pas mal du côté du cinéma d’Alex de la Iglesia (on pense beaucoup à Mes Chers Voisins), avant de s’achever sur un final cynique à souhait. Autre représentant du cinéma latin, l’italien L’Arrivo di Wang, des frères Manetti est une sympathique fable morale dans laquelle une jeune interprète est chargée par une agence gouvernementale de traduire dans le noir et en simultané les propos du mystérieux Monsieur Wang, soi-disant ressortissant chinois, mais en réalité un visiteur venu de bien plus loin. Malgré son décor unique et son nombre limité de personnages, le film réussit à tenir en haleine son public pendant une bonne heure, avant de trainer un peu la patte dans son dernier acte. Dommage aussi que le final à la 4e Dimension gâche légèrement le propos anti torture du film. Les très sympathiques réalisateurs du film étaient eux aussi présents et, en plus de présenter les premières images de leur prochain film, La Stanza dell’orco (un giallo plutôt prometteur), ils se sont lancés dans une passionnante discussion à bâtons rompus sur les difficultés de trouver des financements pour du cinéma de genre en Italie. Une situation qui n’est pas sans rappeler celle de la France. A noter que le réalisateur Federico Zampaglione (Shadow) a lui aussi fait un passage éclair au festival pour projeter en exclusivité les 7 premières minutes de Tulpa, son nouveau film actuellement en tournage, un giallo extrêmement alléchant.

Glasgow Frightfest 2012

The Raid

Mais la véritable bombe du festival reste certainement le démentiel The Raid, projeté en clôture, et qui a électrisé le public malgré l’heure tardive (le film a débuté à 23h15) et les longues heures passées dans la salle 1 du du Glasgow Film Theatre. Troisième film de Gareth Evans, réalisateur britannique exilé en Indonésie et déjà metteur en scène de l’acclamé Merantau, The Raid est une bande d’action survitaminée, un déluge de bastons incroyables (et d’une violence jouissive), d’une maitrise impressionnante. L’occasion aussi de confirmer le talent martial du charismatique (et incroyablement gentil, comme la séance de questions post projection l’a démontrée) Iko Uwais, révélation de Merantau. The Raid a clairement remonté le niveau d’une édition 2012 en demi-teinte, assez inégale et un peu avare en très bons films (contrairement à l’édition 2011 qui avait été un quasi sans fautes). Rendez-vous est déjà pris pour l’an prochain, les organisateurs annonçant d’ores et déjà une édition encore plus remplie, avec peut-être bien 14 films !

Articles liés


Retour à La Une de Logo Paperblog