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Vivre de son travail

Publié le 26 février 2012 par Alteroueb

Depuis hier, l’agriculture fait salon. Cette grand-messe annuelle permet de faire découvrir aux jeunes parisiens veaux, vaches, cochons, couvées, mais aussi d’attirer l’attention du grand public sur les l’état actuel de la profession. Parmi eux, Pierre Priolet a fini sa longue «marche des doléances» vers Paris dans la quasi indifférence. Cet ex-arboriculteur de 59 ans provençal, réduit à arracher ses arbres parce que personne ne voulait plus de sa production, souhaitait par cette action attirer l’attention sur les difficultés et déséquilibres que subit le monde paysan face au marché.

Son passage au journal télévisé, en novembre 2010, m’avait ému et révolté. Mais rien n’a vraiment changé. Le personnage est pittoresque et sait communiquer : c’est un bon client pour les médias. Son dernier acte de bravoure : rallier Paris à pied. Il a ainsi parcouru 800 km en 40 jours, enregistrant sans relâche les doléances d’un monde qu’il connaît bien et qui meurt peu à peu, réduit à accepter des prix imposés par las grande distribution et les centrales d’achat. Evidemment, il y a de quoi être scandalisé quand le kilo de poires, dans les étales, est proposé à 3,40 euros, alors que le producteur est rétribué à 17 centimes.

Pierre Priolet en marche vers Paris
Pour compenser cette insupportable écart, les ministres successifs ont systématiquement proposé des aides financières, alors qu’il serait si simple d’agir sur les intermédiaires et la grande distribution, afin que l’ensemble soit plus raisonnable et juste. Toto 1er, en visite avant l’ouverture au public pour éviter tout quolibet, a beau jeu de vanter les vertus du travail et sa rétribution au juste prix. C’est bien son idéologie qui a déséquilibré l’ensemble, et pas seulement dans le monde agricole. D’où l’idée proposée par le paysan marcheur de «consommer juste» et le développement de magasins de produits locaux payés à prix rémunérateur au producteur et vendus avec moins de marge que la grande distribution pour être moins chers au consommateur.

C’est bien beau de taper sur la grande distribution et ses outils. C’est certes fondé, mais le consommateur, dans ce pillage en règle, porte aussi une part de responsabilité dans ses actes courant de consommation. En ne faisant du prix l’unique critère, en provoquant une demande déraisonnable de produits sans rapport avec les temps de production, il a donné au marché de quoi faire la pluie et le beau temps et permis aux intermédiaires de se tailler des marges conséquentes, à la fois sur le dos des producteurs et des consommateurs.

Aujourd’hui, il faut enfin apprendre à être consom’acteur, et dans ce domaine, il y a un travail d’éducation colossal à entreprendre. Parce que côté producteurs, des organisations existent, qui développent des systèmes de distribution en circuit court, en agriculture au moins raisonnée, respectueuse de la nature et des consommateurs, qui surtout, rétribuent directement les paysans et producteurs au juste prix… C’est le cas des AMAP et autres systèmes de distribution de paniers agricoles. J’ai fait ce choix depuis plus de 3 ans : des légumes et fruits de saison, des producteurs qu’on connaît, qu’on apprécie, passionnés par leur métier, loin des clichés productivistes de l’élite fortunée qui expose au salon de la porte de Versailles. Dans ce monde là, on oublie très vite la grande distribution, je vous assure.

Un peu marre de toujours passer pour une poire.


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