J'avais été emballée par La Piste là, le spectacle qu'ils avaient donné à l'Espace Cirque d'Antony en décembre 2008 et je me réjouissais de les revoir. Victor Cathala et Kati Pikkarainen sont deux artistes sympathiques, unis à la ville comme au cirque, pour le meilleur et pour le pire.
J'ignore où se niche le pire mais leur idée de théâtraliser leur nouveau spectacle est très astucieuse. Prétexte à nous mimer une histoire d'amour acrobatique avec tendresse, humour et talent, en faisant parler leurs corps. Ils passent en revue les premiers ébats, les vacances au bord de la mer, les disputes, et le quotidien d'un couple peu ordinaire.
En effet tout les oppose. Elle est petite et blonde. C'est un géant brun. Elle est finlandaise. Il est toulousain. Mais ils ont le cirque en commun et probablement aussi la passion pour la musique dont ils nous font entendre de beaux morceaux.
Un couple ... de chiens en tenue de mariés déboule sur scène dans une vieille Simca (comment pourrait-elle être neuve, on se le demande ...) immatriculée AITAL, du nom de leur formation circassienne, mais aussi 38, ce que regrette Victor qui aurait préféré le 31 de la Haute-Garonne. La voiture recule en coulisses, provoquant déjà des commentaires dans les gradins : c'est le même démarreur que la Twingo, elle était géniale cette caisse.
Retour du véhicule cahincaha avec cette fois les artistes acrobates qui freinent in extremis à quelques millimètres du premier rang. Le couple affiche la crise. Les fleurs s'envolent. Çà sent le gaz ... pardon l'essence, entre eux. A défaut de grimper aux rideaux Kati s’agrippe à l'antenne. Le toit devient tremplin de plongeoir. Le siège-avant sera trinka pour permettre des jeux icariens.
Ils enchainent voltige et clownerie, en utilisant des accessoires qu'il faut resituer dans le contexte. Ce n'est pas un hasard si Victor tire des parpaings du coffre de la voiture. Les utilisateurs avaient pris l'habitude d'en transporter en permanence pour équilibrer le poids du moteur situé à l'arrière. On ne craignait pas à cette époque de faire une surconsommation d'essence en s'alourdissant.
Ils jouent au badmington, activité de loisir qui connut son heure de gloire, au-dessus d'une jupette tendue en guise de filet alors que Niagara chante l'Amour à la plage. Plus tard Madonna couvrira une jolie dispute. Puis les chiens reviendront pour un numéro de dressage très drôle.
Victor et Kati sont partout : dans la voiture, dessous, dessus, sur la piste ... et soudain le voilà qui descend de là-haut , du sommet du chapiteau alors que l'on ne l'a pas vu y grimper. Ils réinventent la balançoire, tirent sur la corde tant qu'ils peuvent, toujours accompagnés des airs célèbres qui ont marqué les vingt dernières années.
Nous les suivons dans leurs efforts physiques et leurs prises de risque osées. Je n'ai pas peur de la route, chante Noir Désir, tout le long d'un bel échange dansé. Un très beau spectacle visuel et musical jusqu'au traditionnel jeté de pétales ... avant d'aller prendre une longue douche très méritée et de retrouver le public pour discuter dans le premier chapiteau d'accueil.
Pour le meilleur et pour le pire jusqu'au18 février à l’Espace cirque d’Antony, Théâtre Firmin Gémier/La Piscine. Tél : 01 41 87 20 84. En tournée du 23 au 26 février, au Théâtre de l'Olivier à Istres (13), du 8 au 11 mars à l'Athanor à Albi (81), du 16 au 21 mars au Cirque-théâtre d'Elbeuf (76), du 16 au 19 mai au Carré magique de Lannion (22), du 23 au 25 mai au Grand-Logis de Bruz (35), du mai au 1er juin au Théâtre de Redon (35), peut-être du 4 au 7 juillet à St Étienne (42) et enfin de retour en région parisienne en juillet-août dans le cadre du festival Quartier d'été où le spectacle sera présenté en alternance avec la Piste là.
Toutes informations sur le site de la compagnie.