Je ne sais pas si vous avez eu vent de la nouvelle depuis le milieu d'année 2011 mais LVMH, grand groupe influent du luxe français exploitant de marques de parfums telles Dior, Givenchy, Guerlain ou encore Kenzo pour les plus influentes, a pris une décision qui est en train de révolutionner l'industrie de la parfumerie.
Cependant, il ne s'agit nullement d'une invention majeure qui aiderait à redonner foi en la parfumerie. Au contraire, leur décision risque d'impacter grandement le rapport aux marques de parfums et la fidélité du consommateur.
"Quelle est cette décision si cruelle ?" se demandent ceux qui n'ont pas encore eu l'information.
Pour faire simple, LVMH a décidé que leurs formules de parfums n'allaient plus appartenir aux maisons de composition (Givaudan, Firmenich, IFF, Charabot et cie).
Dit comme cela, on peut se dire qu'ils ont raison. Sur le papier cela semble bénéfique pour une plus grande liberté d'action et une meilleure maîtrise de la qualité comme du secret des parfums.
Mais le souci, c'est qu'en rapatriant la formulation et la fabrication des parfums chez eux, cela implique nécessairement des reformulations, et ce, pour 2 raisons :
- parce qu'ils n'ont pas la formule exacte (celle ci est détenue par la société qui a créé le jus) et ne veulent pas non plus l'avoir pour éviter les ennuis juridiques
- parce qu'ils ne souhaitent pas approvisionner et stocker autant de matières premières que les sociétés de parfumeurs
C'est ainsi que de grands succès comme J'adore, Dior Homme, Miss Dior Chérie et autres piliers ont été remaniés certainement dans l'urgence et avec les moyens du bord.
Bien que je ne remette pas en cause la créativité et la qualité du travail des nez maison, je trouve cette pratique scandaleuse, car pour des consommateurs un tant soit peu fidèles à leur fragrance, ce lifting forcé ne passera pas inaperçu ...
On en a déjà fait les frais avec Miss Dior chérie modifié en un éclair et ayant par la même occasion perdu cette âme qui faisait sa différence.
Récemment, ma ami a racheté son Dior homme et nous n'avons pu que constater après coup sa reformulation, celle ci le privant là encore de sa personnalité olfactive. En gros c'est un autre parfum, au grand dam de mon chéri.
Le tout justifié biensûr par de mauvaises performances commerciales (tu m'en diras tant ...).
Combien d'autres jolis jus vont subir le même sort ? Sous quel délai ? Impossible de savoir.
Un conseil de ce fait : préférez les petites parfumeries de quartier si vous souhaitez vous stocker des anciennes versions, il est fort possible qu'en ayant une rotation des stocks moins forte, elles possèdent encore votre parfum fétiche.
Je trouve cela honteux pour le monde de la parfumerie auquel j'appartiens.
Déjà que l'on n'a d'autre choix que de subir les reformulations IFRA qui saccagent nombre de beaux jus, si en plus on est confrontés à des reformulations volontaires pour des économies de bout de chandelle, où va t on ? Comment peut on oser toucher à la composante principale du choix d'une fragrance, l'émotion, sans craindre de tout gâcher ?
J'ose espérer que LVMH fera fausse route et s'en rendra compte avant qu'il ne soit trop tard et surtout, que cet acteur influent ne sera pas imité par ses concurrents ...
Si vous partagez mes craintes et refusez cette pratique de LVMH ainsi que les dérives de l'IFRA, je vous invite à aller signer la pétition suivante, lancée par mon confrère LCDP :
http://www.petitionduweb.com/Petition_stop_aux_reformulations_sauvages_-10138.html
J'ai l'espoir que l'on puisse faire un peu changer les choses, et protéger cette industrie encore bien portante en France ...