Pour tous ceux dont le nom de Stuart McCallum n'évoque rien, sachez qu'il est le guitariste recruté par
Jason Swinscoe pour le Cinematic Orchestra. On peut notamment l'entendre sur
l'album "Ma Fleur" et sur le très bon "live" enregistré au Royal Albert Hall. Si vous êtes fan, j'imagine que ce pedigree haut de gamme devrait suffire à ce que vous jetiez une oreille
attentive à sa dernière production en date, ce "Distilled" paru fin 2011. C'est le 3e projet solo de cet anglais friand de mélodies éthérées boostées aux hormones de pédales d'effets et
aux filtres en tous genres, et certainement le premier des 3 à bénéficier d'une "relative" promotion en France : quelques brèves parutions dans la rubrique "sorties" des magazines musicaux
spécialisés, son positionnement en tête de gondole chez certains bons disquaires, ou encore le net qui s'en fait l'écho dans quelques articles. A en croire la majorité des amateurs,
"Distilled" était attendu et désiré par plus d'un mélomane et semblait promettre de bonnes surprises en perspective. Mais qu'en est-il réellement?Tout d'abord, la filiation d'avec le Cinematic Orchestra est indéniable. La musique de
McCallum en est tellement imprégnée que les 2 premiers titres, "dR Doctor" et "Hillcrest Part i" pourraient laisser penser à un nouvel album du combo londonien.
Des arrangements de violons aux lignes de contrebasse (et cela sur tout l'album), les ambiances en cinémascope se succèdent avec plus ou moins de réussites, chacune étant plus ou moins mémorable,
plus ou moins captivante, mais soyons franc, clairement pas du niveau de Cinematic (impossible de ne pas faire la comparaison). Une fois faite cette critique facile et évidente qui n'apporte rien
de plus à mon argumentaire, je me repasse la bande encore et encore et laisse de côté mes préjugés et mes références. Est-ce un bon disque?Je reste mitigé. Il y a à mon sens
du bon et du passable. De l'attendu, mais aussi quelques bonnes surprises, comme le morceau "dR
Doctor", "Distilled", ou "La Cigale" (chacun se fera son idée). Non pas que le reste soit mauvais, loin de là, mais les ambiances sonores dues au parti pris d'une
production tournée exclusivement vers un mélange de pop atmosphérique et de jazz "lounge" font de "Distilled" une oeuvre assez uniforme. Cette objection
est d'ailleurs assez regrettable, car il est clair que ce disque est le plus abouti deStuart
McCallum, tant dans la conception générale que dans le choix des compositions. Pourtant, il est au final
difficile d'y trouver un grand intérêt. Malgré toute l'indéniable bonne volonté et l'exigence artistique du guitariste manchunien à tenter d'insinuer sa patte de producteur atypique dans sa
musique (je lui reconnais sans problème un son assez unique), beaucoup de titres me laissent sur ma faim ("Fokey
Dokey" - "Vital
Space" - "Lament For
Levenshulme"). L'alternance entre acoustique et électrique ne se fait pas toujours sentir, certaines mélodies
manquent de matière organique, d'autres ne marquent pas les esprits ("Inflight"), le tout flottant en permanence entre 2 couches de ciel aux épaisseurs assez similaires.Quoi qu'il en soit, malgré les critiques que je viens d'en faire je ne regrette pas l'investissement.
"Distilled" reste un disque singulier et attachant qui fourmille d'idées harmoniques (les arrangements y sont pour beaucoup). Il est aussi un album à l'esprit ouvert, entre jazz,
électro, pop, ambiant, ce qui d'après moi suffira à le classer d'office dans la catégorie des productions "méritantes". Car enfin, loin d'être mon coup de coeur de l'année 2011 (mais vous aviez
compris), peut être en sera t-il autrement pour vous même après que vous ayiez fait connaissance. Et que vive la musique.....AmazoniTunesOfficiel