Années trente : Belle pour le mariage

Publié le 26 février 2012 par Cameline

Pour terminer cette série sur le Maquillage des années trente, je vous offre aujourd'hui les conseils de notre spécialiste Sylvie en 1937, à propos de la beauté en ce jour si spécial qu'est le mariage.

Grand jour. Les plus belles robes sont prêtes.

Qu'il s'agisse de celle de la mariée, des demoiselles d'honneur, des mamans, ou de toutes les élégantes du cortège, nul doute qu'elles ne favorisent votre charme et votre beauté. Encore vous faut-il les mettre en valeur par le maquillage qui convient.

Maquillage de la mariée

Pour la mariée, nimbée de tulle et vêtue de blanc, les fards sont permis, dans la mesure où ils rehaussent un visage que le blanc blêmit.

L'essentiel est d'avoir un teint frais, de faire montre d'un naturel exquis.

La mariée doit briller par la luminosité de son teint : rien n'est plus disgracieux qu'un épiderme terne ou grisâtre dans la toilette blanche du grand jour.

Ne vous laissez pas aller à l'énervement qui tire les traits et congestionne l'épiderme ; dormez de longues nuits.

Quelques jours avant la cérémonie, allez à l'Institut de Beauté pour une désincrustation, un lessivage ou un de ces masques de beauté qui nettoient en affinant le grain de la peau.

Si vous habitez une localité dépourvue d'Institut de Beauté, vous pouvez faire vous-même l'application d'un de ces masques vendus avec leur mode d'emploi. Un seul écueil : choisissez-le bien approprié à la qualité de votre épiderme.

Avez-vous un teint hâlé ? Gardez-le tel, mais ne le poussez pas, contentez-vous d'en soutenir les reflets.

Si au contraire votre carnation est pâle, donnez-lui un ton ambré ou rosé, suivant votre type.

Seules les jeunes mariées ayant tendance à être congestionnées chercheront à diminuer leurs couleurs trop vives.

Dans le premier cas : crème foncée, poudre ocre ; dans le second, crème ambrée ou blonde, poudre rosée ou chair ; dans le troisième, crème blanche, poudre naturelle.

Etendez bien la crème pour obtenir un maquillage sec : appliquez la poudre en couches légères pour éviter les plaques.

Débarrassez-vous de la hantise d'un nez brillant, en utilisant la crème mate spéciale.

La question du rouge aux joues marque un point particulier.

Si vos pommettes sont légèrement rosées, ou si la tonalité chaude de votre peau vous en dispense, oubliez-le.

Pour les autres, son application doit se limiter à quelques touches légères : une sorte de reflet intérieur soulignant les yeux.

Choisissez un rose qui fasse naturel.

Lorsque vous n'avez pas l'habitude de manier le rouge-crème, préférez le rouge-poudre, d'emploi plus facile. Toutefois, le rouge-crème étalé et dissous dans l'épiderme fait plus naturel et plus frais. Inutile de vous rappeler que vous appliquez ce dernier après la crème et avant la poudre.

Pas de mastic aux cils, à moins que ces derniers ne soient réellement trop pâles.

Lissez-les ainsi que les sourcils avec une petite brosse enduite d'huile de ricin.

Sur les paupières, une légère couche de crème anti-rides ou grasse.

A ce conseil d'ordre général, une exception peut être faite en faveur de celles qui, fiancées et jeunes filles, ont coutume de se maquiller.

N'y dérogez pas, vous seriez méconnaissables. S'en abstenir totalement au jour de leur mariage risque de vous rendre fade, alors que vous devez briller de tout votre éclat.

Faites comme chaque jour, mais avec un maximum de discrétion.

En ce cas, un peu de mastic neutre aux cils est permis et sur les paupières la transparence bleutée ou mauve d'un fard pastel. Un fard gris-bleu (prunelles pâles) ou brun (prunelles foncées) avec mastic assorti sont aussi indiqués.

Voici ce qu'il faut éviter de manière générale : les fonds de teint épais et soutenus, les crèmes bruns, les poudres ocres, les fards vifs.

Pour une cérémonie en grande pompe, avec lamé, broderies pailletées et dentelles, une infime touche d'argent aux yeux. Mais attention ! Ne vous permettez cette délicate fantaisie que si le type, l'ensemble de la toilette et aussi une réputation consacrée de chic et d'originalité le permettent. Sinon, gare au genre mariée d'opérette …

Enfin le rouge aux lèvres doit être invisible, de teinte naturelle ; renoncez à un rouge trop orangé ou trop brun. Il doit farder la bouche pour la renforcer et la rendre brillante plus que pour la transformer.

Votre coiffure, tout en étant assez apprêtée pour faire un ensemble harmonieux avec l'arrangement du voile et de la couronne rituelle, demeure de lignes simples : voile et couronnes enlevés, il ne faut pas que l'on remarque trop votre coiffure au détriment de votre visage.

Bien entendu, indéfrisable, teinture s'il y a lieu ou décoloration auront été faites une dizaine de jours à l'avance.

La veille, une mise en plis soignée ; et le matin même, votre coiffeur se fera un plaisir d'aller édifier votre coiffure à domicile.

Apportez longtemps à l'avance un soin particulier à la blancheur de vos mains : rien ne choque plus que des mains rouges et rèches sur une toilette de soie blanche.

Dès un mois à l'avance, renoncez au savon pour une crème de nettoyage qui donnera à votre épiderme beaucoup d'onctuosité. Les mains lavées et séchées, massez-les avec un velouté adoucissant.

Toutes les semaines, avec régularité, faites soigner vos mains par une bonne manucure : ce n'est pas en une seule séance qu'on peut vous rendre des mains impeccables.

Vous rendrez les ongles brillants grâce à une pâte et au polissoir ou bien vous emploierez un vernis dans des tons pâles tant en vogue en ce moment, incolore ou rosé. Toutefois, les vernis irisés argentés de nacre ou d'ivoire sont tolérés pour les grands mariages, lorsque la toilette s'enrichit de lamé, de paillettes et de fleurs.

Enfin, ne laissez voir aucun poil superflu sous les bas fins, ni entre la manche et le gant.

Les demoiselles d'honneur

La fraîcheur des jeunes filles invitées à former le service d'honneur nécessite également une préparation.

Les conseils que je pourrais donner sont ceux réservés à toutes les jeunes filles : un peu de crème bien étendue, un nuage de poudre de la couleur de la peau, sourcils lissés à la brosse humide, cils, paupières et lèvres graissées.

Passé dix-huit ans, une demoiselle d'honneur peut accentuer son maquillage et se « faire » discrètement la bouche et les yeux, à condition de choisir des fards sobres en parfaite harmonie avec la teinte de sa robe et de son chapeau : les teintes bleu vif, jaune, vert, exigent des fards plus soutenus que mauve, ciel, rose, nil.

Pour les ongles, choisissez un vernis assorti à la toilette ou au rouge à lèvres.

Celles dont le visage présente quelque ennui : granulations, boutons, points noirs, dartres, ont besoin de soins plus spéciaux quelques semaines avant le grand jour. Les mêmes conseils que ceux donnés à la mariée sont donnés pour la clarté et la pureté du teint.

Avant de penser à la coiffure gracieuse et simple qui complètera votre capeline ou votre bonnet de fleurs, ayez des cheveux souples, brillants, lustrés.

Teintures et décolorations ne sont pas permises aux très jeunes filles. Certains rinçages blonds, châtains, roux ou noirs, aux reflets absolument invisibles, sont néanmoins capables de rehausser le ton des crans et des boucles, avec la réserve que réclame votre âge.

Les petites filles complétant le service d'honneur auront une frimousse plus ravissante et plus veloutée si on leur passe sur la peau au lait adoucissant. Brossage des cils, des sourcils ; petites lèvres graissées au beurre de cacao.

Les dames du cortège

Viennent ensuite les mamans, soeurs aînées, parentes et amies.

A toutes le même conseil : agissez comme vous avez l'habitude de le faire en d'autres heureuses circonstances.

Evitez la beauté apprêtée et factice, qui gâche la belle ordonnance d'un mariage par son côté ridicule.

Préparez-vous quelques jours à l'avance, embellissez-vous quelques heures avant la cérémonie, avec le désir ardent de rester « vous », avec un peu plus de raffinement, de surveillance, et de coquetterie.

Vous vous maquillez couramment ? Ne changez rien à votre technique, perfectionnez-la en évinçant toutefois la tentation d'exagérer.

Vous vous maquillez peu ? Ne vous croyez pas obligées ce jour-la de renforcer les doses au point de vous dénaturer.

Mais si vous ne vous fardez jamais, faites-le au moins pour cette occasion, pour ne pas paraître terne dans un ensemble éclatant. Je ne vous conseille pas d'acheter au hasard quelques fards ou d'emprunter ceux de vos amies. Le résultat est toujours déplorable. Les Instituts de Beauté donnent des consultations et fournissent des produits exactement appropriés à votre teint et à la nature de votre peau, avec toutes directives utiles pour leur emploi. Passez donc dans l'un d'eux quelques jours avant la cérémonie à laquelle vous êtes invitées.

Il vous faudra choisir votre maquillage suivant votre robe et la lumière du jour.

Pour les teintes chaudes : rouge, jaune, orangé, il faut un maquillage donnant des reflets identiques ; pour les teintes froides : bleu, violine, vert, les fards doivent former un contraste ; pour les robes pâles, tendez vers les tons dorés et pastel ; pour les robes foncées, recherchez un maquillage clair et lumineux.

Si le temps est sombre, renforcez la note des fards ; si le ciel est bleu, agissez avec plus de mesure.

Le coiffeur doit vérifier vos cheveux le matin même du mariage et en rectifier l'arrangement quand vous avez mis votre chapeau.

Images :

Image 1 : Jeanette MacDonald

Image 2 : Titre et llustration Belles pour le grand jour, janvier 1938

Image 3 : Jill Esmond

Image 4 : Ann Harding, Photoplay 1933

Image 5 : Nancy Caroll

Image 6 : Mirna Loy

Image 7 : Illustration Belles pour le grand jour -les demoiselles d'honneur- , janvier 1938

Image 8 : Illustration Belles pour le grand jour - les dames du cortège- , janvier 1938

Image 9 : Jeanette MacDonald - Photoplay 1930

Sources :

La Femme de France, article de Sylvie, février 1937 et janvier 1938