Tombant par hasard sur les photographies d'Anders Petersen "Café Lehmitz, 1967-1970", un café de Hambourg lieu de rencontre de prostituées, junkies, marginaux....
Certainement prises au Leica. Certainement prises avec du Tri X. Ces photographies ont une densité de vie sur ces visages burinés par le malheur, une sorte de patine, un rendu particulier de la pellicule qui fait sens. Il y a le regard du photographe. Il y a l'objectif Summicron. Il y a le rendu de la Tri X. Trilogie sainte du sens et qui dégage une humanité profonde, prenante.Troublante.
En regardant ces photos un doute m'envahit. Je ne sais pas si aujourd'hui, avec un Canon 1DX ou une Alexa nous pourrions capter cette densité, cette matière, cette abstraction de vie que l'électronique ne sait pas capter ou traiter. Et que tous les plateformes d'étalonnage ne savent pas simuler, leurs algorithmes étant aveugle à l'imperfection.
Nous sommes peut être rentré dans un monde d'illusion où l'indicible est lissé. Entre les pixels de nos images, il y a l'absence.