Les enfants seraient les plus exposés aux nanoparticules de dioxyde de titane (TiO2) en raison de leur consommation de bonbons, selon cette étude publiée dans Environmental Science & Technology, la revue de l'American Chemical Society. Un vrai bilan sur les quantités de nanomatériaux contenues dans nos produits de consommation courants qui vient renforcer la préoccupation croissante sur leurs éventuells effets sur la santé et l'environnement.
Le Pr Paul Westerhoff de l'Arizona State University et ses collègues soulignent que le dioxyde de titane est un additif commun à de nombreux produits de consommation, de la peinture à l'alimentation en passant par les cosmétiques. Le dioxyde de titane sous forme nanoparticulaire est classé cancérigène possible pour l'homme (2B), par le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) depuis 2007, considéré comme un perturbateur des fonctions cérébrales par une étude du CEA d'octobre 2011 (portant sur la présence de nanoparticules dans les crèmes solaires que l'Afssaps recommande de ne pas utiliser)… L'Europe est consciente des risques et une directive (78/176/CEE) du Conseil de l'Europe considère que les déchets provenant de l'industrie du dioxyde de titane présentent des risques préjudiciables pour la santé de l'homme ainsi que pour l'environnement.
Notre corps « libère » des nanoparticules qui passent à travers les mailles des usines de traitement des eaux usées pour se retrouver dans les lacs et les rivières. Une seule étude, signalent les auteurs, avait déjà été menée sur les niveaux de dioxyde de titane dans quelques produits commerciaux. Les chercheurs ont donc acheté et testé des aliments, des produits de soins personnels, des peintures et des adhésifs. 36% des particules sont inférieures à 100 nm (voir tableau ci-contre) dans au moins une de leurs dimensions et se dispersent facilement dans l'eau sous forme de colloïdes assez stables.
Les aliments les plus riches en TiO2 incluent les bonbons, chewing gums, et autres friandises. Parmi les produits de soins personnels, les dentifrices et les crèmes solaires contiennent, en moyenne, 1% à plus de 10% de leur poids en titane ! En revanche, les crèmes de soin, en dépit de leur couleur blanche, la plupart des shampooings, déodorants, crèmes à raser contiennent les niveaux les plus bas en titane (<0,01 μg / mg). Pour plusieurs produits pharmaceutiques très consommés, la teneur en titane varie de moins de la limite de détection (0,0001 μg Ti / mg) à un maximum de 0,014 μg de Ti / mg.
Bonbons, guimauves et glaces : L'équipe conclut que les enfants consomment plus de dioxyde de titane que les adultes parce les sucreries comme les bonbons, guimauves et glaces sont parmi les produits à plus hauts niveaux de dioxyde de titane. L'exposition typique pour un adulte (américain) a été évaluée de l'ordre de 1 mg par kilogramme de poids corporel/par jour.
L'étude précise l'ensemble des produits testés et leur teneur en dioxyde de titane. Mais les chercheurs insistent sur la nécessité de réguler les teneurs dans les produits alimentaires car ce sont de loin, les plus susceptibles de représenter un risque potentiel pour la santé des humains et des animaux et de contaminer l'environnement.
Source: Environmental Science & Technology 2012, 46 (4), pp 2242–2250 DOI: 10.1021/es204168d « Titanium Dioxide Nanoparticles in Food and Personal Care Products”
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