Hier soir, alors que je dégustais un merveilleux porc « Kalua » que ma femme avait amoureusement concocté, la sonnerie du téléphone retentit. Pour que Cyril, mon bon ami et complice du « Mouching » interrompe de la sorte notre dîner, il devait se passer des choses gravissimes. Et effectivement, c’était le cas : » Mon Fléchounet « , dit-il d’une voix chargée d’angoisse, « jette illico un coup d’oeil dans le journal « Le Monde » du 19 février. Il y a là un article sur les piranhas particulièrement révoltant. Il faut que cela cesse ! Au travail, mon ami… que ta créativité divine ( là, il exagère un peu ! ) se mette en ébullition sur l’heure ! »
Fébrile, j’ouvrai donc le journal et, effectivement je découvris avec horreur cet article évoquant les malheurs de nos amis les piranhas. Pourquoi, vous demandez-vous l’air ahuri, l’équipe si sensible d’ordinaire du « Mouching » se sent proche de ces animaux à la réputation somme toute assez douteuse ?
La raison est d’une évidence limpide. Comme nous, les piranhas ont les dents acérés, aiment manger, adorent l’eau (et quelquefois y ajoutent quelques gouttes de pastis !), ne se laissent pas marcher sur les pieds, et comme nous, ils sont seuls contre tous ! . Ces arguments devraient vous convaincre, non ?
Dans cet article partisan, l’auteur ridiculisait abondamment les piranhas qui, d’après lui, étaient proprement incapables, malgré leur dentition exemplaire, de venir à bout des écailles de ces énormes poissons appelés « ARAPAIMA » (certainement un nom d’emprunt !).
Mon repas terminé (Ah, que ma femme est une extraordinaire cuisinière !) je me mis à ma table à dessin et, alors que le jour commençait à peine à poindre sur les toits endormis de Brooklyn, j’avais mis au point un procédé diabolique devant assurément permettre aux piranhas de percer la défense soi-disant sans faille des ARAPAIMA. il ne nous reste plus qu’à faire breveter cette invention remarquable et d’envoyer au plus vite des échantillons dans les rivières amazoniennes.
« Merci, Le Mouching « !. Ce cri retentira allègrement pendant des décennies au plus profond de la jungle. Ce sont ces crétins d’ ARAPAIMA qui feront une drôle de bobine et l’auteur de cet article révoltant dans le journal « Le Monde » n’aura plus qu’à revoir sa copie frauduleuse.