Drame - 1h35
Sortie salles France - 15 février 2012
avec Juliette Binoche, Mathieu Kassovitz, Aure Atika...
Marie a 25 ans, et le soir de son anniversaire, elle tombe amoureuse de Paul et passe la nuit avec lui. Le lendemain, au réveil, elle ne reconnaît rien : le lit, la chambre, la maison luxueuse donnant sur la Tour Eiffel, le garçon qui l'appelle "Maman", le nom qu'on lui donne, "Speranski". Elle ne reconnaît rien, pas même elle-même. Alors elle réalise : elle a 15 ans de plus, ne se souvient de rien depuis cette fameuse nuit, et doit par tous les moyens endosser le rôle de Marie Speranski, cette femme mariée, mère, à la tête d'une grande entreprise de La Défense, et sur le point de divorcer...Parce que j'avais beaucoup aimé le roman La vie d'une autre, de Frédérique Deghelt, et parce j'ai aimé lire Sylvie Testud, je suis allée voir ce film, porté par deux acteurs de poids. Et alors ? Pas très convaincue au final. C'est vrai que le postulat est osé. Une femme qui se réveille 15 ans plus tard sans souvenir de son mariage, de sa maternité, de son job.... Mais la crédibilité était là dans le roman de Frédérique Deghelt. Ici, dans le film, l'étonnement de Marie (Juliette Binoche) et sa décision immédiate de se glisser dans la peau de son propre futur, passe moins naturellement. Le roman était basé sur une introspection, ici c'est de l'extérieur qu'on scrute les réactions surjouées de cette Marie déboussolée.
D'abord avec son fils, dont elle dira plus tard qu'elle l'a aimé tout de suite alors que sa découverte est tout sauf une évidence, elle noue une relation, rusant pour lui soutirer des informations sur leur quotidien familial. Son mari, le Paul de son coup de foudre, elle ne le reconnaît plus, il ne la considère pas, hermétique à ses déclarations, à sa détresse. C'est qu'elle a demandé le divorce, il est donc passé à autre chose. Le film d'attache alors à décrire cette rencontre à refaire, cette relation à l'envers, d'une femme qui se réveille pour vivre la fin de l'amour de l'homme qu'elle commence juste à aimer. Impensable tant elle y tient.
Sylvie Testud exprime par ce film sa malice habituelle, son grain de tendre folie. Il y aussi beaucoup de gravité derrière cette peur de ne pouvoir rattraper son passé pour vivre ce qu'on a laissé filer sans souvenir, la métaphore de l'enlisement d'un couple face au temps qui passe en nous détournant de nos rêves initiaux. Il y a du juste et il y a du moins juste. Et ce qui fonctionne le plus, c'est justement ce couple revenu de l'oubli, celui formé par Juliette Binoche toujours magnifique, et Mathieu Kassovitz, blessé et méfiant, vraiment convaincant.
Valentine en perdition - Critikat.com
L'avis de Pascale - Sur la route du cinéma