Représentativité syndicale ?

Publié le 10 mars 2008 par Slovar

C'est la crise la plus importante qu'une organisation patronale ait eu à connaître.
Campant sur ses positions vis à vis des syndicats de salariés, le Medef a, jusqu'à présent, refusé d'inclure dans les discussions sur la représentativité le financement patronal.
Cependant, la délégation patronale aurait récemment assuré aux syndicats que si des règles étaient définies pour ces derniers, "elles seraient aussi appliquées aux organisations patronales". Et l'UPA (artisans) a rappelé mardi avoir demandé "que les questions touchant à la représentativité et au mode de financement des organisations patronales soient abordées" dans la négociation.
Pour ceux qui n'auraient pas suivi le feuilleton : "Denis Gautier-Sauvagnac (ex président de l'UIMM) affirme que Laurence Parisot avait connaissance des retraits d'argent liquide de la métallurgie avant l'été 2007. L'intéressée porte plainte pour diffamation.
C'est à notre sens extrêmement grave. C'est Libération qui nous l'explique : "18,9 millions d’euros de retraits en liquide opérés par Denis Gautier-Sauvagnac entre 2000 et 2007 ?
Un document publié ce week-end sur le site Internet de l’Humanité apporte un éclairage intéressant. Il s’agit d’une note estampillée «strictement confidentiel» et datée du 18 février 1972. Elle s’intitule «argumentaire sur l’action d’entraide face aux conflits sociaux». Elle a servi de cadre pour créer l’Epim (caisse d’entraide professionnelle des industries de la métallurgie), la fameuse «caisse noire» de l’UIMM dont la valorisation est estimée aujourd’hui à 617 millions d’euros.
Les intérêts de ce capital judicieusement placé ont permis aux dirigeants de la fédération patronale de la métallurgie d’opérer des retraits à hauteur de 3 millions d’euros par an. Le but de cette caisse antigrève était clair : indemniser les patrons pour qu’ils restent fermes face aux revendications syndicales en cas de conflit social. Pour tenter de convaincre ses adhérents de verser cette cotisation supplémentaire, l’UIMM faisait valoir que «même une entreprise qui a rarement une grève trouvera sa gestion compromise si une autre cède devant la grève en accordant 3 % de salaire en plus"
Les Echos de leur côté nous expliquent "Laurence Parisot et Denis Gautier-Sauvagnac, qui s'étaient évertués à afficher durant plus de deux ans une prétendue entente cordiale dans la conduite du Medef, se sont livrés à une bagarre d'une rare violence ce week-end, par médias interposés. A propos, toujours, des 19 millions d'euros retirés en liquide par l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), entre 2000 et 2007, et dont la justice cherche à établir les bénéficiaires ... / ... "
En fait, le bruit court que l'UIMM aurait (entre autre) financé le groupuscule d'extrême droite GUD, connu pour ses méthodes musclées. Le GUD est aujourd'hui soupçonné d'avoir assuré le service d'ordre de Valéry Giscard d'Estaing pour la campagne présidentielle de 1974, sur des fonds fournis par l'UIMM.
Démocratie & Socialisme le mouvement de Gérard FILOCHE interprète les discussions sur la représentativité de la façon suivante : "Ainsi, on a vu apparaître l’idée d’une mise sous tutelle des finances des organisations syndicales. L’arrogance du patronat n’a ainsi aucune limite : pris la main dans le sac par la découverte d’une caisse noire au sein de la principale organisation patronale, l’UIMM, ses responsables, auxquels une quarantaine de députés de droite ont emboîté le pas en déposant une proposition de loin dans ce sens, ont immédiatement expliqué qu’il fallait " faire la clarté " sur les comptes des syndicats de salariés !
En gros : je vole, donc il faut contrôler mon voisin ! Derrière le rideau de fumée qui vise à masquer les pratiques crapuleuses des responsables patronaux, se trouve aussi l’idée d’une représentativité fondée sur le nombre d’adhérents des organisations. Cette façon de tourner le dos à une réalité syndicale bien française, la démocratie sociale représentative, fondée sur l’élection directe de représentants des salariés, est aussi une façon de légitimer le discours de la droite qui explique que les syndicats ne représentent " que " 8% des salariés, ce qui est le chiffre du nombre d’adhérents ... / ..."
On est en droit, lorsqu'on voit évoluer le climat entre MEDEF et UIMM (qui rappelons le ne sont pas deux syndicats concurrents puisque l'UIMM est la plus puissante fédération du MEDF) de se demander quelle légitimité possède le MEDEF pour négocier des réformes cruciales pour l'avenir des salariés.
Xavier BERTRAND ministre du travail on se limite à évouar une future loi sur la certification des comptes des organisations patronales et syndicales aiderait à ne "plus jamais constater (le) type de dérives" de l'affaire de l'UIMM ce qui indique que le gouvernement ne prendra dans l'immédiat aucune position sur le sujet.
Exemplarité et transparence nous répète t-on systématiquement. Les français souhaiteraient que ce soit réellement le cas. Ils souhaiteraient aussi qu'une pose soit instituée dans les réformes du marché du travail pendant laquelle les représentants du MEDEF et sa branche feraient le ménage. Il en va de la crédibilité des organismes paritaires et des accords à venir.
Sources crédits et copyrights
Les Echos
Le Nouvel Obs
Vie Publique
Démocratie et Socialisme
Libération
France Politique