Avant de contester les propositions de François Hollande pour la politique agricole, le ministre de l'Agriculture devrait faire preuve de plus modestie. Depuis 10 ans, la ferme France a perdu un quart de ses exploitations. Depuis 5 ans, le revenu agricole a reculé. Et, en 2010, plus de 10% des foyers agricoles ont demandé le RSA. Le bilan de la droite devrait donc inciter Monsieur Le Maire à l'humilité, d'autant que le maintien du budget de la Politique Agricole Commune reste plus qu’incertain à ce jour.
François Hollande propose de mettre en place des contrats collectifs pour donner aux agriculteurs un véritable poids dans les négociations. Cela n'a rien à voir avec le contrat individuel promu par Bruno Le Maire, contrat qui laisse l’agriculteur isolé face aux grands groupes de la transformation. Si le ministre de l’Agriculture est satisfait des conséquences de son contrat, qu’il demande aux éleveurs confrontés à Lactalis s’ils sont heureux des conditions qui leurs sont imposées !
Dans un récent courrier, Lactalis laisse ainsi aux agriculteurs qui n’ont pas répondu à une offre insatisfaisante deux choix : l’inacceptable ou l’insupportable. L’inacceptable, c’est l’adhésion contrainte à un contrat qu’ils refusent. Au-delà du 31 mars, ce sera l’insupportable, la continuation de la collecte sans les primes et les compléments de prix non contractuels auxquels ils avaient droit jusqu’alors.
Voilà la réalité du contrat Le Maire : laisser seul chaque agriculteur face aux grands groupes de la transformation. Le fort contre le faible, c’est ce que la droite appelle équilibrer les relations contractuelles.
- Delphine Batho
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Germinal Peiro
Secrétaire national à la ruralité et à la mer